26 octobre 2005

RÉSEAU COCAGNE, les jardins de Cocagne

Fondé en 1991 à Chalezeule (Doubs), le premier Jardin de Cocagne a rapidement été pris comme modèle dans toute la France. Ainsi de nombreux Jardins de Cocagne sortent de terre. Aux vues de ce succès et dans le but de permettre aux Jardins d'échanger et de mutualiser leurs expériences, le Réseau Cocagne (association loi 1901) voit le jour en 1999. Actuellement, il regroupe 75 Jardins en activité et 15 jardins en projet.

DEFINITION

Jardins biologiques collectifs à vocation d’insertion sociale, les Jardins de Cocagne sont généralement créés à partir d’association loi 1901 à but non lucratif.
A travers la production de légumes biologiques, distribués sous forme de paniers hebdomadaires à des adhérents-consommateurs, ces Jardins permettent à des adultes de retrouver un emploi et de construire un projet personnel.


Ils s’adressent à des personnes de tous âges, femmes et hommes qui se trouvent en situation précaire :
- allocataires du RMI, ou de l’API,
- personnes accueillies en CHRS ou autres structures d’accueil,
- sans revenus,
- sans domicile,
- chômeurs de longue durée,
- n’ayant jamais travaillé,
- bénéficiaires d’allocation ASSEDIC ou AH,
- toutes personnes en difficulté sociale, professionnelle ou personnelle.

Les personnes sont employées pour travailler sur les différents postes créés par ces Jardins :
- préparation et cultures sous serres et "plein champ",
- préparation des paniers de légumes et livraison,
- entretien des locaux et du matériel,
- contacts avec les adhérents,
- secrétariat, gestion,
- postes créés par les activités complémentaires développées (marchés, vente de produits bio, magasins, animation enfants, chantiers environnement...),
- autres ...

Ainsi les Jardins sont :
- un lieu d’accueil qui permet de mettre en oeuvre un programme d’insertion sociale et professionnelle,
- un lieu d’échanges et de communication entre les adhérents et les jardiniers, un lieu convivial ouvert sur la cité,
- un service de proximité favorisant le développement économique local.

OBJECTIFS DES JARDINS

Il s’agit d’associer des habitants à une démarche sociale, économique dans une perspective de développement local.
Ceci implique :
1 - Une démarche collective et économique
En impliquant sur une ville ou sur une agglomération des adhérents qui s’engagent à acheter sur une année, une action/légumes. Sur un terrain préparé à cet effet et encadrés par un ou plusieurs maraîchers professionnels, des personnes en difficulté sociale, produisent, récoltent et distribuent une grande variété de légumes de saison.
L’équilibre de la structure se situe entre la viabilité économique (rapport entre les dépenses de fonctionnement et le nombre d’adhérents) et sa pertinence sociale : une certaine convivialité favorise l’accompagnement et l’insertion à condition que la structure ne grossisse pas démesurément.
2 - Une démarche sociale
En développant ce nouveau créneau d’activité, on crée des unités qui sont des espaces favorisant l’accessibilité au marché de l’emploi et le réapprentissage d’une activité de production.

FONCTIONNEMENT

Les adhérents de l’association souscrivent à une "part légumes".
Le prix de cette "part légumes" annuelle correspond au calendrier de culture construit en début de saison. Le prix de référence des légumes est calculé en fonction des variations saisonnières du marché bio, en tenant compte de l’environnement local.
Tout adhérent (seul ou en couple), peut souscrire à une demi-part légumes.
Le montant de cette souscription peut faire l’objet de conditions de paiement (annuelles jusqu’à mensuelles).
Les recettes obtenues par la vente des légumes, complétées par des subventions prenant en compte le surcoût social et la formation des personnes accueillies, permettent :


- d’embaucher un ou plusieurs maraîchers professionnels,
- de louer du terrain agricole,
- d’acheter le matériel nécessaire au fonctionnement de ces Jardins,
- de proposer du travail, sous forme de contrats divers (CES, CEC, CIE, postes EI...) à des personnes en difficultés sociales. Le travail sur le Jardin, régulier, fait appel à des qualités cognitives et des goûts différents du travail en industrie ou sur des chantiers.

Le(s) maraîcher(s) professionnel(s) établit le plan de culture (le plus diversifié possible) et coordonne le travail de chaque jardinier sur le terrain. (Au Réseau Cocagne, la terminologie de "maraîcher" correspond à l’encadrant, celle de "jardinier" aux personnes en insertion.) Les légumes biologiques sont récoltés et distribués sur le lieu de production et dans les quartiers ou villages où habitent les adhérents : les lieux de dépôt peuvent être des centres sociaux, des associations, des particuliers... Chaque adhérent peut participer aux grandes décisions de la vie du Jardin et, s’il le désire, aux travaux sur le terrain en accord avec le personnel encadrant. A partir du “noyau central” des Jardins peuvent venir se greffer d’autres activités selon les opportunités locales, par exemple, une opération permettant à des enfants du voisinage de venir cultiver leur parcelle de jardin.

LE PROJET SOCIAL

Dans les Jardins de Cocagne, différentes logiques d’action s’entrecroisent : sociale, éducative, professionnelle, mais aussi territoriale, citoyenne et environnementale. Le sens premier des Jardins de Cocagne, qui en fait toute l’originalité et la pertinence, réside dans cette approche. Leur activité, conciliant utilité sociale et exigence de productivité, est à la croisée des champs social, économique et politique.
S’insérer par le travail de la terre
Le contrat au sein des Jardins va permettre aux personnes accueillies de travailler ou retravailler et, par là-même, de retrouver un statut social, une activité et un salaire. L’impératif de production suscite une dynamique de travail et une reconnaissance d’utilité pour la société. Les personnes passent d’une situation d’assisté à celle de producteur. Le travail au Jardin est une étape dans un processus de socialisation et d’accès à l’emploi.
Le travail de la terre et la vie en plein air ont incontestablement des vertus équilibrantes, sur le plan physique tout autant que psychologique. Les personnes accueillies au Jardin se sentent vite en sécurité, y trouvent une quiétude réparatrice. La terre, son rythme et son caractère convivial s’accommodent des écarts de productivité importants entre les travailleurs, des comportements originaux, défiants, sans que les personnes s’en trouvent pour autant diminuées, exclues ou coupables. Le Jardin par sa portée symbolique et son ancrage dans une réalité primaire mais essentielle, produire pour nourrir, peut permettre une " sortie de terre " !
Le jardinage constitue aussi une excellente initiation au travail, individuel et collectif, conduit avec rigueur. Méthode, régularité et opiniâtreté sont en effet indispensables pour que la terre cultivée produise.
La reprise d’un travail est support d’acquisition de compétences, de qualification, d’intégration dans l’organisation et dans une équipe de travail, mais aussi, d’un point de vue plus personnel, de revalorisation, de développement de capacités et d’apprentissage des normes sociales. Mais, au-delà des seules vertus de cette remise au travail, le projet des Jardins de Cocagne mise sur les ressources de l’inscription dans un tissu social local.
Tisser des liens, accompagner les personnes
Le projet est de créer du lien, tisser des réseaux et permettre ainsi, à chacun, de s’insérer et consolider les différentes sphères relationnelles : de la famille, du voisinage, du quartier, du travail…
Mobiliser les adhérents-consommateurs autour du projet et de l’activité du Jardin et solliciter chacun sur une participation à sa mesure permet de cultiver une convivialité et l’exercice d’une citoyenneté active. Le fonctionnement des Jardins repose sur une logique d’hybridation des engagements, des contributions et des aides.
La volonté des Jardins est de travailler en partenariat avec les professionnels du secteur social afin d’accompagner au mieux les personnes accueillies. D’autre part, ils s’engagent fortement auprès des agriculteurs biologiques, afin de défendre une idée commune de l’agriculture : une agriculture qui rime avec qualité de vie et environnement…

Les Jardins participent aux groupements départementaux et régionaux et aux syndicats des professionnels de l’agriculture biologique et proposent à certains d’entre eux de participer aux conseils d’administration des Jardins. Cette collaboration permet d’échanger coups de main et " tuyaux " et au-delà de participer aux réflexions et à l’évolution du monde agricole.
Le projet social des Jardins repose avant tout sur la conviction que la lutte contre l’exclusion est l’affaire de tous, qu’il ne s’agit pas seulement d’insérer des personnes mais de créer une économie solidaire permettant à chacun de trouver une place : mobiliser chacun, pour " cultiver la solidarité " ensemble !

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