11 juillet 2006

Le fonds pétrolier norvégien exclut Wal-Mart et Freeport

Au début du mois de juin, les autorités norvégiennes ont annoncé publiquement qu’elles avaient exclu le géant mondial de la distribution Wal-Mart pour atteintes « sérieuses et systématiques » aux droits humains et du travail. Les valeurs du groupe minier Freeport ont, elles aussi, été exclues mais pour des raisons écologiques.

Le fond pétrolier norvégien poursuit sa politique d’exclusion des entreprises qui ne répondent pas aux critères de ses lignes directrices éthiques. Ainsi, mardi 6 juin 2006, les autorités norvégiennes ont annoncé, par la voix de leur ministre des Finances, Kristin Halvorsen, que les actifs du géant mondial de la distribution Wal-Mart et du groupe minier Freeport-McMoRan avaient été vendus. Par conséquent, ces deux entreprises ne figurent plus dans le portefeuille de l’un des plus importants fonds de pension internationaux. Ces changements sont le résultat des recommandations émises par le comité éthique du fonds, mis en place en 2004, dont l’objectif est de faire cesser tout investissement dans des compagnies dont les activités sont en violation des droits humains, impliquées dans la corruption ou provoquant des dégâts à l’environnement. Le comité éthique du fonds norvégien reproche ainsi à Wal-Mart de sérieuses violations des droits de l’homme et du travail.

Violation systématique des droits humains

Selon le comité éthique, « De nombreux documents indiquent que Wal-Mart, de manière globale et systématique, emploie des mineurs en violation des règles internationales, que les
conditions de travail chez plusieurs de ses fournisseurs sont dangereuses, que des ouvriers sont fortement incités à effectuer des heures supplémentaires sans compensation, que la compagnie pratique la discrimination salariale à l’encontre des femmes, que toutes les tentatives des employés pour se syndiquer sont stoppées, que les employés sont, dans un certain nombre de cas, déraisonnablement sanctionnés et enfermés [de force sur leur lieu de travail, ndlr]. » Les évaluations du comité concernent non seulement les opérations commerciales de Wal-Mart aux Etats-Unis et au Canada, mais aussi celles de ses fournisseurs au Nicaragua, au Salvador, au Honduras, au Lesotho, au Kenya, en Ouganda, en Namibie, au Malawi, au Madagascar, au Swaziland, au Bangladesh, en Chine et en Indonésie.

Ces conclusions s’inscrivent dans la ligne de la campagne de la coalition internationale d’ONG, Wal-Mart Watch, qui dénonce les activités du géant de la distribution depuis plusieurs années. La ministre norvégienne des Finances, Kristin Halvorsen, a adressé une lettre à la multinationale pour qu’elle puisse répondre de ces observations. Celle-ci est restée sans réponse. Il est vrai que le montant global de la vente des actifs Wal-Mart par le fonds norvégien (415 millions de dollars estimés fin 2005) pèse peu face à une capitalisation boursière qui avoisine les 200 milliards de dollars. Pour symbolique qu’elle puisse paraître, la décision d’exclusion du groupe américain émane néanmoins de l’un des plus importants fonds de pension internationaux puisqu’il pèse plus de 240 milliards de dollars. Si l’exercice des droits de propriété est, a priori, l’instrument plus adapté pour influencer des compagnies du point de vue des autorités norvégiennes, Kristin Halvorsen a expliqué que : «(…), dans ce cas particulier, le comité d’éthique est clair. Il recommande l’exclusion face au risque de complicité dans de futures et inacceptables violations des règles.»

Freeport responsable de dégâts écologiques

Le même sort qu’à Wal-Mart a été réservé au groupe minier Freeport-McMoRan spécialisé dans l’extraction minière principalement de cuivre, mais cette fois pour des raisons écologiques. La vente des actifs par le fonds norvégien s’élève dans ce cas à près de 19 millions de dollars. Le comité d’éthique du fonds reproche notamment au groupe minier de rejeter ses déchets d’extraction dans les rivières, en Nouvelle-Guinée. En effet, Freeport se sert de rivières naturelles pour son système de traitement des 230.000 tonnes de déchets d’extraction quotidiens laissant s’échapper de nombreux polluants notamment des métaux lourds comme le cuivre, le cadmium ou le mercure. Ce dispositif a déjà pollué la rivière ainsi que les berges et la forêt avoisinante, des conséquences écologiques particulièrement négatives pour les populations locales.

Dans son rapport le comité regrette que «Freeport ne témoigne d’aucune volonté de changer la manière dont la compagnie contrôlera ses déchets à l’avenir ni d’initier les mesures qui réduiront de manière significative les dommages causés à l’environnement.» Il conclut donc que le fonds court un risque inacceptable en continuant d’investir dans cette compagnie et a donc préconisé son exclusion.Après l’ensemble des industries participant à la fabrication d’armes nucléaires, le fonds Norvégien, en excluant Wal-Mart et Freeport, témoigne d’une volonté ferme quant aux critères de sélection de ses actifs et entend bien que du point de vue des droits humains comme du respect de l’environnement la responsabilité des entreprises soit engagée.

source

Plus d’informations sur novethic.fr, le site d’information sur le développement durable

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