22 juillet 2006

Quand l'architecture réconcilie nature, tradition et modernité...

Le centre culturel Tjibaou est situé à l’est de Nouméa, sur un vaste promontoire naturel que compose la presqu’île de Tina.
C’est sur ce même site qu’eut lieu en 1975, le Festival Mélanésia 2000. Bordé d’une part par les eaux du lagon et de l’autre par la lagune, ce site naturel n’est pourtant situé qu’à quelques minutes de Nouméa, non loin de l’aérodrome de Magenta et du golf de Tina. C’est donc un équipement culturel urbain qui donne à la culture kanak toute sa place dans la ville en pleine extension.

Une architecture contemporaine en harmonie avec la culture kanak

Créateur d’un grand nombre de projets architecturaux novateurs et ambitieux dont l’aéroport de Kansaï au Japon et le Centre Georges Pompidou à Paris, Renzo Piano (prix Pritzker pour l’ensemble de son œuvre) est un architecte de renommée internationale.

A travers tous ses projets, il défend une vision personnelle de l’architecture et cherche à accorder ses valeurs esthétiques (importance des éléments immatériels comme la lumière ou la transparence, allusion à la nature dans les formes) aux valeurs des hommes qu’il croise sur son chemin.

L’architecture du centre culturel Tjibaou est le fruit d’une étroite collaboration entre Renzo Piano et l’Agence de Développement de la Culture Kanak.
C’est le résultat d’une prise en compte des formes architecturales kanak et de leur transfiguration dans une architecture moderne.

Les « cases » inspirées de l’architecture kanak traditionnelle sont de hauteurs et de surfaces différentes et donnent un aspect inachevé qui rappelle que la culture kanak est toujours en devenir.
« J’ai compris que l’un des caractères fondamentaux de l’architecture kanak est le chantier : le « faire » est aussi important que le « fini ». J’ai pensé, dès lors, développer l’idée de chantier permanent, ou plutôt d’un lieu ayant l’apparence d’un chantier « non fini ». Renzo Piano, Carnet de travail

Dimensions des cases :
Les dix cases se partagent en trois types :
petite : 55 m² et 22 m de haut ;
moyenne : 92 m² et 28 m de haut ;
grande :140 m² et 33 m de haut.

Les matériaux utilisés

Cette approche humaniste de l’architecture se combine avec une grande technicité et le souci d’offrir au meilleur coût les conditions optimales d’accueil du public. Chacune des cases est dimensionnée pour résister aux vents cycloniques (230 km/h) et aux séismes. Elles permettent d’utiliser les vents dominants en introduisant un courant d’air frais générateur de confort pour les visiteurs.

Réalisées en bois d’iroko imputrescible, les cases prennent avec le temps la couleur des troncs de cocotiers qui bordent les rivages de la Nouvelle-Calédonie. Leur habillage est réalisé en acier inoxydable, une case représente donc 300 m3 de bois et 5 tonnes d’acier.
Les cases conjuguent les techniques du futur, tel le lamellé-collé, avec les matériaux traditionnels.

Le centre est équipé d’une gestion technique du bâtiment contrôlant par informatique l’ensemble du site. Les différents espaces sont également dotés d’un équipement technique performant et d’outils multimédias. Entre nature et mémoire, s’intercale un espace technique moderne, propre à devenir l’outil de l’ambition culturelle. Le visiteur voyage de structures intimes couvertes dont le sol rappelle la couleur de la natte à de vastes espaces extérieurs aux envolées aériennes.

D’une surface totale de 8.188 mètres carrés, le centre culturel Tjibaou s’inscrit sur 8 hectares, en symbiose avec les éléments naturels présents sur la presqu’île.
Il se compose de trois villages qui ont chacun une fonction distincte et qui regroupent au total dix cases, d’une surface moyenne de 90 mètres carrés et dont la plus haute culmine à 28 mètres.

Les cases des trois villages qui constituent le centre culturel sont reliées entre elles par une allée courbe qui évoque l’allée centrale spécifique à l’habitat traditionnel kanak. Chacune des cases joue de l’air et de la transparence.
On notera l’alternance autour de l’épine dorsale des volumes haut accompagnés des pins colonnaires, et des volumes bas plus intimes. Les parcours reflètent un subtil jeu d’ombres et de lumières.
Le végétal au cœur d’une architecture contemporaine

Pour l’homme kanak, étroitement lié à son environnement naturel, la terre et les plantes rythment le cours de la vie. Ainsi, dès la genèse du projet, l’architecte Renzo Piano décide de créer une symbiose entre une architecture contemporaine et l’environnement naturel de la presqu’île de Tina.
Les espaces de spectacles extérieurs, l’aire coutumière et les bâtiments situés à l’extrémité de la presqu’île (restauration, hébergement et ateliers) épousent les collines du promontoire.
La végétation du site a été respectée et même enrichie de nombreuses espèces endémiques à la Nouvelle-Calédonie. Des pins colonnaires ont été transplantés et un chemin kanak composé de nombreuses essences s’étire tout au long de l’édifice. Son but est d’initier le visiteur à la symbolique du végétal dans la société kanak.

Il retrace également à travers le langage des plantes, l’histoire du héros fondateur Téâ Kanaké en évoquant successivement les cinq étapes de sa vie.
Cet itinéraire végétal prend sa source au bord de la mangrove qui longe le centre culturel Tjibaou et serpente le long des villages 1, 2 et 3.

Ce n’est pas un simple cheminement piétonnier mais plutôt un « chemin histoire » intégré au cœur du centre culturel. Pour le créer, il a fallu plonger dans le passé, interroger les aînés sur les traditions et rechercher de nombreuses espèces de plantes. Celles-ci font aussi le lien avec l’environnement géographique, écologique et culturel des autres pays du Pacifique.

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