11 septembre 2006

Quand le blé chauffe la maison… à Cogna

La Fdgeda, à l’occasion de son assemblée générale, avait consacré une matinée entière à des visites d’exploitation sur le thème de l’autonomie. A Cogna, les responsables de GVA ont pu découvrir un système de chauffage encore peu connu : la chaudière à céréales.

Pour le deuxième hiver consécutif, Christian Richard se chauffe avec une chaudière à céréales de marque danoise, “pas plus encombrante ni plus compliquée qu’une chaudière à fuel”. Ses exigences était simples : trouver un système de chauffage faisant appel à des énergies renouvelables mais sans la contrainte d’aller au bois. Après avoir essayer de transformer une chaudière pour l’alimenter aux copeaux de bois et à la sciure, “mais il fallait remplir des sacs tous les jours !”, Christian découvre la chaudière à céréales grâce à une publicité parue dans la presse agricole. Intéressé, il se renseigne aussi auprès d’un deuxième constructeur. C’est la facilité du système de décendrage qui fera la différence : quelques secondes pour tirer les cendres dans un tiroir situé sous la chaudière. En octobre 2003 il s’équipe d’une chaudière de 40 KW “deux fois supérieure au besoin mais la différence de prix était minime avec une 25 Kw”, de quoi chauffer largement les 160 m2 habitables et fournir l’eau chaude pour les sanitaires.

La chaudière est équipée d’un magasin-silo de 360 l. Ce qui est suffisant car l’alimentation est assurée automatiquement par une vis souple enterrée qui va chercher le blé stocké dans un bâtiment à 50 m de là. Un palpeur à l’entrée du silo compte le nombre de remplissages et permet de connaître la consommation. Pour l’hiver 2003-2004 la famille Richard a brûlé 7 t de blé pour se chauffer, soit environ 1 ha de leur surface. Le Gaec utilise la quasi-totalité de ses céréales pour l’alimentation du troupeau et n’est pas soumis au gel obligatoire. “Nous étions excédentaire en blé pour l’autoconsommation. Le surplus partait pour la mouture, aujourd’hui il nous sert à nous chauffer”.

La cheminée, ramonée une fois en automne, est entièrement tubée en inox : la combustion des céréales dégage une certaine quantité de chlore, ce qui rend les fumées acides. La chaudière fonctionne en continu d’octobre à mai ; un lit de braise est maintenu en permanence et la chaleur régulée par la vitesse d’alimentation de la vis.

7 tonnes de céréales

La chaudière produit de l’eau à 85° et peut alimenter ensuite tout type de chauffage (radiateurs, chauffage au sol...). A partir du mois de mai, un chauffe-eau électrique assure l’alimentation en eau chaude pour les sanitaires. Il est possible d’y associer, en remplacement ou en complément, un chauffe eau solaire avec un ballon tampon de 700 à 1 000 l. Une option que Christian Richard n’a pas retenue à cause de son coût (à titre indicatif environ 4 500 e subventionnés à près de 40%, chiffres 2002).

Côté sécurité, deux systèmes sont associés pour ne pas transmettre le feu au stockage : une écluse et un détecteur de température déclenchant une injection d’eau au-delà de 100°.

Pour chauffer son habitation, l’agriculteur estime qu’il lui faudrait 3 500 l de fuel, soit un coût d’environ 1 600 e. Les 7 t de céréales lui auraient été payées environ 735 e, prix minoterie.

Ce système de chauffage peut aussi être intéressant en remplacement du propane, par exemple dans les élevages de veaux où les besoins en eau chaude sont importants : 6 m3 par jour à 68° pour 600 places ! Un éleveur venu découvrir l’installation de Christian Richard fait rapidement le calcul. Pour chauffer 1 m3 d’eau à 70°, il faut 19 kg de blé. L’économie réalisée par rapport au propane serait d’environ 8 000 e par an. Si le système servait aussi à chauffer l’habitation, il faudrait prendre en compte les déperditions de chaleur entre la maison et le bâtiment. Une étude à affiner pense cet éleveur, très intéressé.

Les nombreux agriculteurs venus ce 25 janvier à Cogna montre que ce système de chauffage n’ a pas fini de faire parler de lui, sur les exploitations comme hors du milieu agricole. Car brûler du blé ce n’est pas anodin, certaines associations parlent déjà de “scandale”. Même dans l’esprit d’un agriculteur, l’idée est difficile à accepter. Un argument revient pourtant souvent sur le devant de la scène : avec 1,2 millions d’ha de jachère actuellement cultivés ont pourrait chauffer 2 millions de logement de 100 m2.

Un investissement aidé

L’investissement pour une chaudière à céréales de ce type s’élève à environ 8 000 euros avec un surplus de 1 500 e pour la vis et de 1000 e pour le sas-automatique (en stockage par gravité prévoir un magasin de 600 l avec un remplissage tous les 3-4 jours).Christian Richard a profité de l’OPAH (opération programmée d’amélioration de l’habitat) et a été aidé à hauteur d’environ 15% de l’investissement. Le conseil général n’accorde d’aide pour ce type de matériel que dans le cadre d’un chauffage collectif, c’est-à-dire 3 logements utilisant l’équivalent de 9 000 litres de fuel. L’Ademe, organisme d’état n’accorde une aide que si le dossier a été retenu par le conseil général.

Depuis le 1er janvier 2005, les aides pour encourager l’utilisation des énergies renouvelables ont évolué. La loi de finances votée récemment donnerait droit à un soutien sous forme de crédit d’impôts. Les organismes pouvant apporter une information dans ce domaine sont l’Ademe et l’Ajena.

Comparer les énergies

En KW produit par kg, litre ou m3 :

Propane : 12 ,8. Fuel-gaz naturel : 10. Granulés bois (6% d’humidité) : 4,9. Plaquettes bois (35%) : 3,5. Bûches (25%) : 3,5. Blé : 4,2. Orge : 4,5. Seigle : 4,1. Triticale : 4,4. Avoine : 4,5. Maïs (15%) : 4,3. Colza : 6,2. Tournesol et moutarde: 7,3

Pour le colza et le tournesol : problème d’odeurs.

Il faut 2 à 2,5 kg de blé pour produire la même énergie qu’un litre de fuel.

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