23 décembre 2006

Des jardins collectifs à but social

Sept jeunes belges, membres des associations « Le début des haricots », « la cité s’invente » et du collectif « Semences d’utopies », sont revenus d’un voyage fort instructif à travers le Québec écologique. Dans une série d'articles, ils racontent une partie de leur parcours parsemé de rencontres, d’initiatives écologiques, de projets et d’expériences, aussi bien à la ville qu’à la campagne. Et ils en profitent pour faire l’état des lieux en Belgique. Dans ce premier volet, des jardins pour la cohésion sociale ou des toits productifs afin de préparer des repas pour vieux ! Fallait y penser.

Bien urbains ces Jeunes Montréalais !

Tout d’abord, un jardin collectif, c’est un groupe de citoyens d’un quartier qui cultivent ensemble une même parcelle en ville. Dans le quartier anglophone Notre Dame de Grâce à l’ouest de Montréal, Mathieu nous reçoit pour faire le tour du projet d’« Action communiterre » l’organisme où il travaille. « Action communiterre est un organisme à but non lucratif fondée en 1997 dont les projets visent à lier le développement social à la qualité de l’environnement dans le quartier. Nous travaillons de concert avec les institutions locales et les résidants pour bâtir la sécurité alimentaire et accroître la solidarité locale ».

Au détour d’une école dans un quartier populaire, nous découvrons le premier des 6 jardins collectifs que l’OSBL (organisme sans but lucratif) chapeaute. Nous sommes accueillis par plusieurs familles qui pique-niquent et cultivent le petit jardin. Une énorme compostière trône devant l’entrée, pendant que les enfants récoltent des tomates. « On se rencontre une ou deux fois par semaine pour se partager la tâche et partager les récoltes de chaque jardin. Les journées de travail collectif sont gérées par une animatrice chargée de former les participants à la culture biologique. Les jardiniers et jardinières se partagent les aliments qu’ils font pousser, le reste est réparti parmi les organismes communautaires et services sociaux. » nous dit Maria, mère de famille, en précisant que 20% des récoltes sont reversés à une banque alimentaire. Mathieu insiste sur le fait que « nous nous servons des jardins collectifs pour rapprocher les gens, développer des aptitudes et redonner confiance aux personnes sans ressources, verdir la ville et produire des aliments biologiques de qualité pour tous... »

Les « popottes roulantes »

Dans la partie francophone de la ville, sur les toits de l’Université du Québec, Amélie est responsable du projet « Jardins sur les toits » et nous reçoit pour nous faire découvrir l’OSBL « Santropol roulant ». A 15 m de haut, les poivrons mûrissent et les salades se développent dans des tubes de recup’. Ici, tels des chats de gouttières des jeunes bénévoles reverdissent cette surface devenue utile. « Nous avons recyclé des centaines de bacs et avons inventé plusieurs systèmes de cultures hors-sol (hydroponie) ».

Mais l’association, communément appelée « le Roulant », ne s’arrête pas là : la production des jardins suspendus sert à préparer près de 23500 repas chauds dans l’année pour des personnes âgées ou à mobilité réduite habitant en ville. D’ou vienne ces repas ? « A coté du siége de l’organisation, nous avons une grande cuisine ou nous préparons la popotte (« la bouffe », ndlr) » explique Amélie. Ils ont baptisé ces repas « les popottes roulantes » puisqu’elle est distribuée essentiellement à vélo. Ce volet permet de recréer un lien intergénérationnel : les plus jeunes apprennent les recettes des plus vieux dans les ateliers de cuisine. Mais le Santropol c’est aussi, un restaurant, un atelier de réparation de vélo, une friperie (vêtements de seconde main) et une chambre de lombri-compostage.

Et en Belgique ?
On pense tout de suite aux jardins ouvriers d’antan qui jalonnaient la périphérie de nos villes et aux faubourgs du centre de Bruxelles qui faisaient partie des meilleures terres maraîchères du Pays. Il reste néanmoins quelques reliques de ces moments d’autonomie. Dans la capitale, quelques sites sont gérés par l’IBGE (Institut Bruxellois pour la Gestion de l’Environnement) en jardins communautaires, c’est à dire des jardins redistribués en petites parcelles individuelles louées à l’année. Mais il ne faut pas confondre avec le jardins collectifs ou une même parcelle est gérée ensemble (projet social).

Mais ici et là des jardins plus « intégrés » commencent à fleurir. En Wallonie, on peut noter le développement du réseau de jardins solidaires, une initiative menée par Roll Grenier, un québécois exilé à Liège ! « Ce réseau vise à créer une dynamique nationale entre tous les acteurs qui partagent des valeurs communes en ce qui concerne le respect de la personne et le respect de l’environnement et qui oeuvrent pour un développement et un renforcement des liens sociaux à partir d’un même outil que constitue l’activité de jardinage ».

A Braine l’Alleud, une Ferme Biologique a cédé une parcelle pour « l’Oasis du Gingko », un jardin cultivé en biodynamie par ses membres. A Mouscron, l’association trentenaire « les fraternités ouvrières » propose des cours de jardinage et un groupe d’achat de semences potagères oubliées. Enfin, les Bruxellois du collectif « Semences d’Utopies » soignent depuis un an et demi des jardins cédés par un particulier à Hoeilaart, au sud de Bruxelles. Comme dit David, « on cultive ensemble, tout le monde est le bienvenu, la production est partagée ou sert pour des repas communautaires ou on fait (re)découvrir des légumes oubliés, d’autres saveurs ».

Ce n’est pas un scoop : de plus en plus de citoyens veulent cultiver. Alors prenez du temps, reverdissez vos villes, salissez-vous les mains et réappropriez-vous votre alimentation au grand air, avec vos amis !

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