14 octobre 2005

La France veut devenir leader européen du biocarburant en 2010

Quotas de production volontairement bas, faible défiscalisation... l'Hexagone a fini par perdre son titre de numéro un européen en 2001.
L'Allemagne produit deux fois plus de biocarburants que la France.

A Nantes, les huiles de colza et de tournesol ont déserté certaines surfaces de distribution... pour remplir les réservoirs de voitures roulant au diesel. Le «truc» consiste à mélanger 30% de cette nouvelle énergie au carburant et à économiser, selon ses adeptes, jusqu'à 14 euros par plein ! La combine est certes illégale – l'huile de consommation n'est pas soumise aux taxes sur le carburant –, mais elle s'explique par la hausse du prix du baril du pétrole. Comme le veut désormais la règle, le nouvel à-coup pétrolier a relancé le débat sur le carburant vert, issu de plantes cultivées (betteraves, colza, tournesol...). La semaine dernière, à Rennes, lors de son premier grand rendez-vous avec les agriculteurs, Dominique de Villepin a confirmé cette nécessaire «accélération du développement des biocarburants, enjeu fondamental à l'heure où nous nous engageons à réduire notre consommation de pétrole». Il a indiqué que l'incorporation de biocarburants aux carburants atteindra 5,75% du total dès 2008, deux ans plus tôt que prévu par l'Union européenne. «En 2010, nous devrons avoir atteint 7%, et en 2015 10% d'incorporation», a-t-il ajouté. De quoi compenser le retard pris par la France ces dernières années.

Aujourd'hui, les biocarburants ne représentent en France que 1% environ de la consommation totale des carburants. «Pourtant, il y a quelques années encore, en 2001 exactement, notre pays était le leader du secteur», remarque Stéphane His, économiste à l'Institut français du pétrole (IFP). Jusqu'en 2001, le pays a su plus que ses voisins profiter de la réforme de la politique agricole commune (PAC) de 1992, qui, au nom de la limitation des excédents de production, a permis aux paysans de développer des cultures bio sur les 10% de terres agricoles mises en jachère, explique-t-il.

Mais, la pression sur les prix du pétrole s'estompant et orthodoxie budgétaire oblige, les autorités françaises ont limité volontairement les mesures de défiscalisation portant sur les biocarburants, et maintenu à un niveau bas leurs quotas de production imposés depuis 1992. Une politique opposée à celle de l'Allemagne, de l'Espagne ou encore de la Suède, qui ont largement défiscalisé leurs biocarburants.

En 2003, l'Allemagne est ainsi devenue le principal fabricant européen de biocarburant. Au sein d'une Europe qui se caractérise par la prédominance du biodiesel (80%) sur l'éthanol (20%), en raison de son option marquée pour la consommation du gazole, notre voisin d'outre-Rhin est parvenu, à force de persévérance, à s'arroger la moitié de ce marché. Ce qui ne l'empêche pas, depuis, de s'engager dans la voie de l'éthanol grâce à la construction de trois distilleries, situées en ex-RDA, à la frontière polonaise.

Rétrogradée au deuxième rang, la France redouble d'efforts depuis un an pour rattraper son retard. En janvier dernier, une nouvelle taxe sur les activités polluantes a été instaurée afin d'inciter les distributeurs à mettre plus de biocarburants sur le marché. Les annonces faites par Dominique de Villepin la semaine dernière confirment cette volonté de développer le pétrole vert.

Dernier du trio de tête européen, l'Italie, qui, après une pause en 2004, semble vouloir reprendre la main sur le sujet. Vient ensuite l'Espagne, qui a raflé en 2003 à la France le titre de numéro un du marché, certes petit, de l'éthanol. Encore peu présents dans les biocarburants, les nouveaux venus dans l'Union, comme la Pologne ou la Tchéquie, montrent pour leur part une réelle volonté d'investir le marché de l'éthanol.

Il n'empêche, l'Europe (10% du marché mondial) reste très en retard par rapport aux leaders que sont le Brésil (43%) ou les Etats-Unis (34%). L'actuelle hausse du prix du pétrole relance le débat sur le prix d'équilibre entre l'énergie fossile et l'énergie végétale, dont le coût de revient est très élevé. Encore faut-il que les prix soient comparables ! Or le prix du baril du pétrole est composé à 80% de taxes, alors que le biocarburant bénéficie, selon les pays, d'une défiscalisation plus ou moins forte.

«Il ne faut pas considérer l'alternative en termes de coûts, mais en gain d'indépendance énergétique», conclut Stéphane His. Il est vrai que l'approvisionnement en pétrole de l'Europe provient pour 60% de l'extérieur.


Source : http://www.lefigaro.fr/eco-monde

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