14 octobre 2005

Oléoducs en Géorgie : inauguration d'un coté, désastre écologique de l'autre

Paris, le 13 octobre 2005. La section géorgienne de l'oléoduc Baku-Tbilissi-Ceyhan (BTC), colossal projet à haut risque de presque 4 milliards de dollars, a été inaugurée hier à Tbilissi par le président géorgien. Quelques jours auparavant, des pompages sauvages contre l'oléoduc Baku-Supsa avaient provoqué une fuite de 60 tonnes de pétrole dans une région proche du tracé de BTC. Les associations géorgiennes s'inquiètent des risques et des impacts négatifs du projet.

La télévision géorgienne a annoncé le 6 octobre que l'oléoduc Baku-Supsa avait éclaté à Gardabani en Kvémo Kartlie, non loin de la frontière azérie à proximité de laquelle passe également l'oléoduc BTC. Il semble que les forages et les pompages sauvages réalisés par la population locale sur le tuyau soient à l'origine de l'accident.

Sébastien Godinot des Amis de la Terre s'inquiète : « Il n'est pas impossible que l'oléoduc BTC subisse le même sort. Il transportera 50 millions de tonnes de pétrole par an vers les surconsommateurs des pays riches, mais n'en fournit pas une goutte pour les populations locales, alors que la Géorgie subit une crise énergétique persistante. Avec un prix record du pétrole, l'oléoduc devient une cible particulièrement tentante. »

Il poursuit : « Une fuite serait un désastre écologique, surtout dans la région fragile de Borjomi. Pour parer à des attaques, l'oléoduc est protégé par des gardes et la police, ce qui pose en retour un risque réel en matière de protection des droits humains : l'expérience montre que dans ce type de projet la sécurité du pétrole et des investissements étrangers passe avant le respect des droits fondamentaux. C'est un cercle vicieux ».

Des tensions réelles existent. De nombreuses associations et communautés locales affectées par le projet le critiquent sévèrement. L'Association des Jeunes Juristes Géorgiens accuse le projet de violation des droits de propriété privée, compensations inadéquates des impacts, dégradations de monuments historiques et violations des contrats de travail lors de la construction. Plus récemment, elle a critiqué le manque d'attention du gouvernement pour les habitants du village de Dgvari, qui est condamné par le projet. Au total, le médiateur de la Banque mondiale a été saisi de 18 plaintes contre l'oléoduc par des communautés locales et citoyens géorgiens. C'est un record pour un seul projet.

Le consortium mené par BP, le gouvernement géorgien et les institutions publiques impliquées dans le projet (Banque mondiale, BERD, agences de crédit à l'exportation comme la Coface en France) doivent prendre toutes les précautions possibles pour éviter une catastrophe environnementale ou sociale.

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