Les biocarburants compétitifs avec un baril de pétrole à 75 USD
La filière des biocarburants, que le gouvernement veut encourager comme une alternative au pétrole, ne serait compétitive qu'avec un baril de pétrole valant de 75 à 90 dollars, estiment les auteurs d'un rapport commandé par le ministère de l'Economie, rendu public vendredi par le ministre délégué à l'Industrie, François Loos.
Une table ronde sur les biocarburants sera coprésidée lundi à Bercy par M. Loos et le ministre de l'Agriculture, Dominique Bussereau, précise M. Loos dans un communiqué.
La filière "n'apparaît compétititive, en termes d'équivalence énergétique, que pour un prix du baril atteignant 75 à 90 dollars", sur la base des prix actuels, selon ce rapport, commandé en mai au conseil général des Mines, au conseil général du Génie rural des eaux et forêts, et à l'Inspection des finances.
S'interrogeant sur le "dimensionnement des moyens budgétaires" consacrés à la filière, les auteurs de ce rapport sur "l'optimisation du dispositif de soutien à la filière biocarburants" estiment également que les retombées agricoles sont "certes importantes" mais "conduiraient à mobiliser à des fins énergétiques 75% des cultures françaises de colza, 20% des cultures de betterave, 3% des cultures de blé".
En outre, les économies en terme d'effets de serre sont certes "avérées" et le plan biocarburant conduirait à économiser 7 millions de tonnes de CO2. Mais les dépenses supplémentaires demandées aux contribuables et aux consommateurs pour les biocarburants sont "cinq à dix fois plus élevées" que celles liées à l'utilisation d'autres moyens (comme la biomasse -- déchets végétaux et animaux), pour économiser les mêmes émissions de CO2, jugent les auteurs.
Quant aux effets sur les créations d'emploi, estimées à 26.000, elles "paraissent largement surestimés". Il s'agira davantage d'emplois ruraux maintenus que d'emplois créés.
Par ailleurs, l'application d'un mécanisme d'incitation fiscale par le biais d'un prélèvement supplémentaire de Taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) n'est "pas optimale pour l'instant". Les auteurs invoquent notamment une "absence de transparence totale" et des risques de "distorsion de concurrence".
Les auteurs suggèrent à cet égard de baisser le niveau de défiscalisation "à 100 euros par mètre cube pour tous les biocarburants", de permettre une "incorporation directe d'éthanol en hiver dans les essences", et d'augmenter de 15% les volumes bénéficiant de la défiscalisation par rapport à ceux prévus par la TGAP.
Pour diminuer "de moitié" la charge fiscale supportée par le consommateur-contribuable, ils proposent de fixer le montant de la TGAP à 500 euros/m3 sur l'essence et à 400 sur le gazole, sur la base d'un baril à 37 USD.
Les biocarburants sont fabriqués à partir de plantes, répartis en deux grandes familles: les éthanols, dérivés du blé et de la betterave (et bientôt du maïs), connus sous le nom de "bioessence", et les biodiesels, fabriqués à partir de cultures oléagineuses (colza et tournesol en France) et commercialisés sous l'appellation "diester".
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