Ford va lancer en France deux véhicules pouvant rouler aux biocarburants
Le constructeur américain Ford va commercialiser en France avant la fin de l'année deux véhicules qui pourront fonctionner indistinctement avec du bioéthanol (biocarburant) et/ou de l'essence, a annoncé vendredi le PDG de Ford France, Eric Saint-Frison.
"C'est la première fois en France qu'un constructeur propose des voitures capables de fonctionner majoritairement au bioéthanol", a précisé un porte-parole de Ford France.
Trois cents Ford Focus équipées du système "Flexi-Fuel", d'un surcoût industriel de 350 euros par véhicule, vont être commercialisées dans le réseau de concessionnaires.
"Mais nous travaillons sur son développement, sur toute notre gamme, à partir de fin 2006: c'est une véritable stratégie industrielle", a-t-il ajouté.
Le volume initial de véhicules "permettra de justifier la fabrication de quelques dizaines de milliers de litres de bioéthanol, qui sera mis à disposition des flottes par le pétrolier (britannique) BP", a ajouté le PDG de Ford France.
Carburant dérivé des plantes (céréales, betteraves à sucre, maïs) ou de la biomasse (déchets de bois, pailles), le bioéthanol permet de réduire les rejets de CO2, principal gaz à effet de serre considéré comme responsable du réchauffement climatique. Le bioéthanol ne peut pas être utilisé sous sa forme pure en France, il est toujours mêlé à de l'essence.
"Les véhicules roulant au bioéthanol émettent 70% de CO2 en moins que les modèles équivalents à essence", a fait valoir M. Saint-Frison. "Mais comme leur consommation de carburant est supérieure de 25% à 30% à celle des autres véhicules, il est nécessaire que le prix du litre de bioéthanol soit intéressant", a-t-il ajouté.
"En France, il n'y a pas de pétrole, mais il y a beaucoup d'éthanol. Comme cela coûte un peu plus cher de l'acheter nationalement que de l'importer, mais que l'idée est de créer une filière française, il faudrait une TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers) zéro pour que le bioéthanol soit intéressant pour le consommateur", a estimé le porte-parole de BP France, Philippe Lambert.
Ces voitures ne pourront pas bénéficier du crédit d'impôt pour les voitures propres parce qu'elles peuvent également rouler au super, selon le PDG de Ford France, qui s'attend cependant "à ce que les choses bougent vite", en évoquant une prochaine table-ronde à Bercy sur les biocarburants.
Le fabricant américain a décidé de proposer cette "solution alternative" en France sur la base de son expérience à l'étranger, notamment au Brésil (les véhicules "Flexi-Fuel" représentent déjà 50 % du marché brésilien), aux Etats-Unis et en Suède.
"Le succès de l'expérience suédoise est liée à un soutien gouvernemental fort", a souligné le PDG de Ford France, mentionnant plusieurs types d'exemptions fiscales. Depuis 2001, Ford a vendu plus de 15.000 Ford Focus employant cette technologie en Suède.
Des fabricants d'éthanol et des coopératives agricoles sont prêts à commander quelques dizaines de véhicules. Certaines administrations, disposant de cuves autonomes, se disent aussi intéressées.
L'avenir du "Flexi-Fuel" en France est avant tout une question de coût pour l'utilisateur. Ford est prêt à proposer ses véhicules au même prix que des véhicules classiques. Reste la fiscalité appliquée à l'éthanol. Si la Suède a connu en l'espace de trois ans un décollage spectaculaire des biocarburants, c'est parce qu'ils bénéficient d'une détaxe. Une aide largement supérieure à celle adoptée par l'Assemblée nationale dans le cadre de la loi de finances 2006.
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