Les lingettes et l’ère du tout jetable encombrent nos poubelles
L'usage de la lingette (1) est apparu en France en 1994, précisément pour les bébés, puis s'est étendu au démaquillage en 1998, avant de gagner les sols, les sanitaires et la cuisine. Depuis, ses usages se démultiplient dans notre vie quotidienne et elles ont la fâcheuse tendance à se démultiplier.
Aujourd’hui 56 % des ménages français en utilisent. Pour les industriels, c'est tout bénéfice, puisqu'elles ne se substituent pas aux détergents traditionnels et représentent un chiffre d'affaires supplémentaire de 175 millions d'euros. Pourtant, nettoyer la maison avec des lingettes revient 15 fois plus cher qu'à la serpillière et au balai (555 euros par an contre 35 euros) et génère 23 kg de déchets par an contre 1,1 kg, selon une étude de l'Observatoire de la consommation durable à Bruxelles. Plus effrayant encore, un ménage qui n'utiliserait que des lingettes pour la maison, le linge et l'hygiène dépenserait 1 108 euros par an et produirait 58 kg supplémentaires de déchets par an, dont la quasi-totalité (55 kg) ne sont pas repris par la collecte sélective et donc pas recyclés. Car le problème de ces lingettes, contrairement au flacon vide de détergents que nous trions, c'est qu’elles vont directement dans le 'tout-venant' des déchets ménagers incinérés. Or le volume de déchets ne cesse de croître. En 40 ans, notre consommation de déchets a été multipliée par deux, et elle continue de croître de 1 à 2 % chaque année.
Chaque Français produit en moyenne 1 kg de déchets ménagers par jour. En 2002, 50 millions de tonnes de déchets ont dû être gérés, dont 21,9 millions de tonnes provenant des ménages. Les emballages pèsent 30 % du poids et 50 % du volume de nos poubelles. La plupart d’entre nous, consommateurs, ne semblent pas percevoir le produit jetable comme dommageable pour l'environnement, “absorbés” par le côté pratique et facile de son utilisation. Du coup, nous oublions que la tendance récente à la mini-dose et à l’emploi unique, comme les lingettes, est responsable d'une prolifération de sachets et conditionnements. Surtout, lorsqu’on y pense, que dans la plupart des cas, il suffirait d'une éponge, d’un peu d'eau et d’un peu de savon.
Certains consommateurs soucieux d'environnement, et accros de la lingette, tentent de se repérer avec des labels, comme NF Environnement ou le label européen, qui certifient des produits présentant des impacts moindres sur l’environnement et une aptitude à l’usage au moins équivalente à celle d’autres produits similaires.
A titre d’information, rappelons juste que ces labels sont payants pour les entreprises qui, si elles présentent un discours vertueux, doivent avoir obligatoirement un portefeuille bien garni. L’obtention d’un écolabel génère en effet des dépenses : frais de dossier, visite d’audit, droits d’usage de la marque, tests des produits… Ces frais peuvent atteindre plusieurs milliers d’euros par an.
L’écolabellisation constitue donc pour l’entreprise, un investissement et tout investissement vise avant tout, on le sait, au bien être de l’entreprise et, dans ce cas-là, à la promotion de ses produits.
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