7 décembre 2005

Changement climatique: inventer une gestion intelligente de l'incertitude

Ce sont les plus pauvres, dans les pays les plus pauvres, qui paieront le plus lourd tribut au changement climatique. Mais une véritable stratégie pour adapter les sociétés et leurs économies leur fait toujours défaut.

"Qu'il s'agisse d'un cyclone au Bangladesh ou à la Nouvelle-Orléans, ce sont toujours les plus pauvres qui en supportent les plus lourdes conséquences", a rappelé mardi le ministre indien de l'Environnement, Prodipto Ghosh, en marge de la conférence de l'Onu sur le changement climatique à Montréal.

"La vulnérabilité aux impacts du changement climatique varie selon les capacité d'adaptation, ce qui lie étroitement le changement climatique aux problématiques de développement", a souligné Rajenda Pachauri, président du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec). "Il est donc indispensable de l'anticiper pour accroître la capacité de résilience des populations".

Pour l'expert, qui préside également à New Delhi l'Institut de recherche sur la technologie et l'énergie (Teri), ceci suppose une évaluation précise des objectifs et la mise en place de conditions adéquates: prévisions météo efficaces, système d'alerte précoce, surveillance sanitaire, renforcement des infrastructures de transport en cas d'évacuation...

"Il faut inventer une gestion intelligente de l'incertitude", a-t-il plaidé.

Au titre de la Convention de l'Onu sur le changement climatique et du protocole de Kyoto qui en renforce les dispositions, trois outils de financement - trois Fonds d'adaptation - doivent aider les Etats les plus pauvres à faire face aux effets négatifs du réchauffement de la planète.

"Mais il manque une stratégie, des recommandations sur la façon de les utiliser", a déploré M. Pachauri.

"Inutile de rechercher davantage d'argent: les fonds existent et sont constamment alimentés par les donateurs", a renchéri Bonizella Biagini, directrice des programmes d'adaptation au Fonds pour l'environnement mondial (FEM). "Nous sommes seulement en train de passer de l'évaluation des besoins à l'action sur le terrain", a-t-elle justifié en citant deux programmes en cours, à Kiribati (1,5 million de dollars) et en Colombie (4 M USD).

Plus d'une douzaine d'autres sont à l'étude en Afrique, concernant les zones côtières (Sénégal, Gambie, Guinée Bissau, Mauritanie et Cap Vert) ou les conséquences des sécheresses (Ethiopie, Kenya, Mozambique, Zimbabwe).

"Accéder aux fonds d'adaptation paraît compliqué, les règles et réglementations sont compliquées", a jugé Ian Burton, de l'Université de Toronto, en stigmatisant "un déficit d'adaptation" dans les mécanismes mis en oeuvre depuis 2001 par la Convention et le protocole de Kyoto.

"Les pertes liées au changement climatique n'ont fait qu'augmenter depuis 40 ans, mais le pire reste à venir et nous ne répondons pas comme il le faudrait. On construit n'importe comment, y compris dans les pays développés", a-t-il ajouté en proposant d'entamer au plus vite un "examen systématique" avec cette perspective en tête.

Parmi les pistes à explorer, Saleemul Huq, de l'Institut international pour le développement durable (IISD), a suggéré un accès des plus pauvres aux micro-assurances, sur le mode des expériences de micro-crédits menées dans son pays, le Bangladesh.

"La conférence de Montréal devrait y réfléchir", a-t-il lancé en comparant ce rendez-vous international et régulier à "une visite qu'on fait tous les ans à sa vieille tante. Qui nous lâche chaque année les mêmes conseils".

source: AFP

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