Commerce illégal des bois tropicaux : la France doit impérativement exiger l'interdiction
Paris, France — Ce matin, Greenpeace a déversé trois tonnes de bois produit par les compagnies forestières Rougier/SFID et Patrice Bois, impliquées dans l'exploitation illégale, devant les portes du Ministère de l'agriculture et de la pêche. Des fausses dépouilles de gorilles écrasés par les sciages illustraient la perte de la biodiversité, et deux portiques figurant des mémoriaux aux forêts africaines ont été déployées autour des portes du ministère. Participez à notre Cyberaction
Avec ce tableau assez sombre, Greenpeace entend dénoncer la permissivité des législations françaises, autant qu'européennes, concernant l'entrée sur nos territoires de produits bois exportés par des compagnies ayant déjà été impliquées dans des activités illégales d'exploitation et de commerce de bois tropical, comme celles aujourd'hui montrées du doigt.
L'exemple de ces compagnies est assez représentatif de la situation actuelle de ce commerce florissant. Titres d'exploitations suspendus depuis 1999, prélèvement de troncs en dehors des zones autorisées ou d'essences non autorisées, ces deux compagnies ont souvent été épinglées ou questionnées pour leurs activités, celles de leurs filiales ou de leurs partenaires.
Chaque semaine, des bateaux en provenance d'Afrique, d'Amazonie ou d'Asie du Sud-Est, chargés de bois de source illégale (grumes ou sciages), entrent sur le territoire européen. Le 7 décembre dernier, au port de Sète en France, Greenpeace documentait l'arrivée d'un bateau en provenance du Cameroun avec à son bord des sciages produits par la compagnie italienne Patrice Bois connue pour ses infractions répétées à la législation forestière camerounaise. Parvenu sur notre territoire, ce bois est considéré comme légal au regard de l'absence de loi française ou européenne concernant le commerce illégal, et peut donc être vendu librement dans les magasins.
Le plan d'action européen de lutte contre le commerce illégal de produits bois, baptisé FLEGT (pour Forest Law Enforcement Governance and Trade) et présenté au Conseil de l'Agriculture de juillet 2004, ne comporte pas de critères suffisamment stricts pour assurer une réelle avancée vers l'interdiction des imports de bois de sources illégales sur le territoire européen. "Alors que l'Angleterre et la Belgique sont pro-actifs pour lutter contre le commerce illégal de produits bois, la France hésite et tergiverse à l'image de la Commission européenne, pour élaborer une législation qui interdise enfin le commerce illégal de produits bois" déclare Ludovic Frère, chargé de campagne Forêts à Greenpeace France.
"Au lieu d'agir de manière décisive face à une crise sociale et écologique aggravée par leurs achats de bois tropical et leur soutien à une industrie destructrice, la France et l'Union européenne focalisent leur attention sur des accords de partenariat "volontaire". Ensuite, ils vont signer ces accords avec des ministres africains qui bricolent des permis d'exploitation "hors la loi": peut-on prétendre que le problème de l'exploitation illégale et du commerce lié sera ainsi réglé ? Face à ces crimes forestiers privés et publics il faut d'abord et surtout une loi." s'insurge Illanga Itoua, chargée de la campagne Forêts africaines.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire