14 décembre 2005

Suisse : L'énergie du bois à la conquête des villes !


Les chauffages au bois étaient et sont toujours largement répandus dans les régions rurales. En ville, par contre, le chauffage au bois est toujours resté marginal. Par le passé, on a surtout utilisé le charbon, ce qui a parfois entraîné une pollution atmosphérique catastrophique. On se souvient par exemple des descriptions du « London smog » de 1952: le regard ne portait alors qu'à quelques mètres. Avec l'apparition du mazout, puis du gaz, la consommation de charbon a nettement diminué.

Situation actuelle

Il va de soi que les régions rurales sont particulièrement appropriées au chauffage au bois. Les avantages du bois y sont évidents : disponibilité décentralisée du combustible, transport réduit du producteur (la forêt) au consommateur, stockage aisé, accueil favorable, longue tradition. Dans les campagnes, l'énergie du bois est bien enracinée dans les mentalités. Cependant, en ville aussi, on commence à se rendre compte que la chaleur tirée de la forêt est une option très intéressante. La construction d'installations exemplaires au cours de ces dernières années en témoigne : la population urbaine a tout intérêt à exploiter l'énergie fournie par le bois. Différents concepts ont déjà été mis en ¦uvre avec succès dans un grand nombre d'agglomérations. On trouve du bois presque partout et la forêt n'est jamais très loin, même dans les grandes villes. Qu'on utilise des plaquettes de bois, des bûches ou des pellets, il est possible de trouver des solutions intéressantes. On peut citer l'exemple de Porrentruy, qui chauffe aujourd'hui une grande partie de sa ville avec du bois provenant des forêts environnantes. La Chaufferie centrale de Bellevue constitue le coeur du système, composé de trois chaudières pour une puissance totale de plus de 10'000 kW. Chez le particulier raccordé au réseau, l¹énergie est fournie par une « sous-station », installée et entretenue par la société d¹exploitation du chauffage à distance, Thermoréseau Porrentruy.

L'apparition d'un nouveau type de combustible - le pellet – favorise également l'essor du chauffage au bois en ville. Les pellets offrent en effet le même confort que les combustibles fossiles et suscitent donc le plus vif intérêt auprès des citadins. Grâce aux pellets, il est devenu un jeu d'enfant de se chauffer en respectant l'environnement. Les pellets convainquent un nombre croissant de maîtres d¹ouvrage en ville car ils réunissent de multiples avantages : ils nécessitent peu de place pour leur stockage, les appareils de chauffage sont faciles à utiliser, ils demandent un entretien minime et il est possible de les livrer sur une distance de 30 mètres environ.

Des solutions exemplaires

Les quelques exemples suivants, pris dans des villes suisses, témoignent de la diversité des solutions envisageables. En 1990, on rénova l'ensemble d'habitation d'Erismannhof construit en 1926/27 à Zurich-Aussersihl. Ses habitants s'opposèrent alors avec succès à la construction d'un chauffage central à mazout. A la place, on assainit ou on remplaça les poêles à bois des appartements. Les grands chauffages automatiques à bois raccordés à des réseaux de chauffage à distance ne sont pas une rareté, en particulier en Suisse romande. La Chaux-de-Fonds, par exemple, exploitait un réseau thermique qu'il était possible de développer. La ville imagina, d'entente avec une grande scierie, d'alimenter ce réseau avec de la chaleur fournie par le bois. Aujourd'hui, le bois et non plus le mazout, sert à produire environ 22'000 MWh de chaleur par année, injectés dans le réseau. Et ce à des prix tout à fait concurrentiels et avec des émissions extrêmement basses. Neuchâtel se distingue par une infrastructure de chauffage urbain moderne, puisque la ville compte quatre réseaux de chauffage à distance. Celui du Mail, qui alimente par exemple l¹université, l¹observatoire et l¹école secondaire, a été assaini en 2002 et une des chaudière à gaz a été remplacée par une chaudière à bois de 500 kW qui fournit d¹octobre à avril une quantité constante d¹énergie. Une grande centrale à bois de 6 MW de puissance (1.2 Mwel, 4.8 MWth) est à l'étude à Bâle. Ce projet a de nombreux partisans, et ce pour une bonne raison : le réseau de chauffage à distance existant constitue un site optimal pour l'exploitation d'une énergie renouvelable.Ce réseau possède encore de considérables capacités non--exploitées. Même si l'on y raccordait une nouvelle installation, il ne serait pas nécessaire d'effectuer des investissements supplémentaires pour son extension. De plus, les besoins annuels en combustible – représentant 120'000 m3 Pl - pourraient être satisfaits sans problème.

Conclusion

Que l'on parle de grandes ou de petites installations, l'énergie du bois a entièrement sa place en ville. Plus encore qu'à la campagne, il faut chercher en ville des conditions cadres avantageuses et personnalisées pour permettre une exploitation réussie, à même de satisfaire les consommateurs. Sur le plan économique, l'exploitation de l'énergie du bois en ville peut même être plus avantageuse si l'on parvient, par exemple, à utiliser des réseaux thermiques existants. De plus, la densité de raccordement - l'alpha et l'oméga de la rentabilité d'un réseau de chauffage à distance au bois est généralement plus élevée que dans les communes rurales. Les installations déjà réalisées en ville ne sont pas le fruit d'un heureux hasard mais le résultat d'une planification intelligente, d'une réalisation responsable et d'une collaboration constructive de tous les acteurs concernés, sur une base réaliste et rentable. Le potentiel de développement de l'énergie du bois en ville est énorme. A l'avenir, il s'agira de mieux exploiter encore ce potentiel dans l'esprit d'une politique énergétique raisonnable et durable.

http://www.netbois.com/info/info.php?artc=2293
http://www.energie-bois.ch/

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