14 décembre 2005

Toilettes sèches : comment se soulager en préservant l'environnement et en évitant les mouches.

Comment se soulager en préservant l'environnement et en évitant les mouches.

Certains y verront, sinon l'assurance d'un monde meilleur, au moins un geste hyperécolo vu que cela économise l'eau de la chasse, donc de la planète, d'autres prendront note d'un vague retour odorant à la cabine en bois au fond du jardin de grand-mère, en tout cas les toilettes sèches furent le clou du salon Bâtir écologique qui s'est tenu fin novembre à Paris. Toilettes sèches ? Toilettes sans eau, donc sans évacuation, donc il faut aller vider son seau. Ou avoir une chambre à compost au sous-sol et évacuer le tout à la brouette. Il y en a que ça va faire frémir, et, autant le dire tout de suite, en ville, c'est difficilement envisageable de partir au petit matin avec le récipient (un seau de 15 litres, une poubelle de 30, 50 ou 80 litres) rempli de caca et de copeaux. En revanche, à la campagne, quoi de plus simple que de faire son compost ou échanger amicalement sa production contre quelques légumes nourris aux excréments, comme indiqué sur l'un des foisonnants forums traitant de cette épineuse question (1). Christophe Elain, «jardinier voyageur», leur consacre un livre militant, Un petit coin pour soulager la planète (2). En piste pour un tour d'horizon des TLB (toilettes à litière biomaîtrisée). Autrement dit, le chiotte sans flotte.

Comment le fabriquer chez soi ?

Rien de plus simple, selon une appétissante recette trouvée sur le site de Oua-terre. On démonte les toilettes à eau, on bouche le trou d'évacuation vers les égouts et l'arrivée d'eau. Ensuite, on fabrique un caisson en bois avec, par exemple, une structure de chaise sciée en deux et une planche de contreplaqué. A lazurer, bio, bien sûr. Puis on se munit d'un récipient de 50 litres, une poubelle en plastique, par exemple. Coût estimé, 26 euros. Ensuite, avant d'aller faire, disposer une litière de copeaux de bois dans le fond, sur 10 cm environ. Puis deux louches après chaque passage, pour lancer le processus du compostage ­ une famille de quatre personnes tient ainsi d'une semaine à dix jours. Ou alors, un tuyau qui tombe direct dans la chambre à compost, où on laisse mariner le temps d'obtenir un beau compost (ça ressemble à du terreau) et de l'évacuer par exemple avec une brouette en direction d'un champ ami. Ou de son jardin.

Oui, mais l'odeur ?

Il n'y en a pas, affirme Christophe Elain, ou alors rarement, si on respecte le dosage des matières carbonées, en clair, tout est question de dosage des copeaux de bois ou de la litière, soit d'apports de matière carbonée pour neutraliser l'odeur. Envisager tout de même l'ajout d'un ventilateur. Mais enfin, il paraît que le simple fait de recouvrir les excréments avec de la sciure diminue les dégagements d'ammoniac. Certains par temps chaud vaporisent un peu d'eau à la surface du mélange sciure-excréments. Glamour. Sur les forums, on se plaint pas mal desdites odeurs, mais surtout des vapeurs dégagées qui ont endommagé les ferrures de l'abattant, dit une dame. Qui ajoute que, contre la prolifération des mouches, elle a installé une moustiquaire entre la lunette et le couvercle. Mais normalement, il n'y a pas de mouches si on met les bonnes doses de sciure. Bonne nouvelle.

Faut-il séparer le pipi du caca ?

Les urines posent un problème de volume (550 litres par an et par personne) et les matières fécales (55 kilos par an et par personne) un problème de traitement et d'hygiène. Les réunir, c'est risquer le dégagement d'odeurs et de mouches. Il faut donc imaginer un récipient biplace. Le pipi est un très bon fertilisant, riche en azote et stérile. On peut donc l'évacuer avec les eaux usées de la vaisselle ou le récupérer à des fins agricoles. Pour que matières fécales et urines atterrissent à l'endroit qui leur est réservé, il faut, nonobstant, positionner le corps correctement, ce qui demande un petit apprentissage. Les hommes ne peuvent plus faire pipi debout. Et si l'étron se coince dans le trou du pipi, il faudra le dégager à la main.

Et le PQ ?

Pas de problèmes, explique Christophe Elain, il deviendra compost aussi. Certains puristes des forums préconisent l'abandon du papier au profit d'un lavage à l'eau. On oublie aussi les tampons, de toute façon, on utilise des serviettes hygiéniques lavables. Sur le site, il est également conseillé de manger bio pour avoir du compost bio, et d'éviter les médicaments. Rappelons que les éléments pathogènes du caca sont détruits par la chaleur du compost. Et signalons que nos amis les vers (technique du lombricompostage) sont efficaces pour transformer les excréments en terreau.

Mais pourquoi s'emmerder avec des toilettes sèches ?

Parce que c'est plus écolo que de gaspiller de l'eau (une cuvette de toilettes c'est entre 6, 9 et 12 litres à chaque besoin). Il y en a déjà 200 en France, dans les stations de ski, les aires de repos, les lieux publics et même certains festivals. Le compost, précise Christophe Elain, remet les éléments à leur place : tout retourne à la terre et ça, c'est bien. Certains lotissements d'Europe du Nord, toujours très en avance, sont équipés de toilettes sèches et les habitants peuvent utiliser leur compost en autarcie. En ville, à défaut, on pourrait imaginer une collecte sur le modèle des déchets verts. Une quatrième poubelle, en quelque sorte.

(1) www.eco-bio.info www.passerelleco.info (2) Paru aux éditions Goutte de sable, 10 euros.

Source: http://www.liberation.fr/page.php?Article=344769

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