Les biocarburants, une avancée écologique ?
La vogue des énergies vertes dans les régions développées a un effet pervers : elle encourage la destruction des forêts tropicales. Des réserves d’orang-outans de Bornéo à la forêt amazonienne du Brésil, on rase les forêts vierges pour y faire pousser des palmes à huile et du soja qui servent de carburant pour les véhicules et les centrales électriques d’Europe et d’Amérique du Nord. De plus, une hausse des prix va probablement accélérer cette destruction.
Cette hâte à produire de l’énergie à partir d’huiles végétales se fonde en partie sur les directives de l’UE qui promeuvent l’utilisation des biocarburants, et par des exonérations de taxes pouvant aller jusqu’à 20 pence (30 cts environ) au litre, le but étant de respecter les quotas définis par le protocole de Kyoto pour la réduction d’émissions de gaz à effet de serre.
La demande croissante d’énergies « vertes » a provoqué une hausse du prix de l’huile de palme, qui pourrait entraîner des conséquences néfastes. « L’accroissement de la production d’huile de palme constitue l’une des principales causes de la destruction des forêts tropicales en Asie du Sud-Est. Ce bien de consommation figure en bonne place au palmarès des nuisances environnementales, » déclare Simon Counsell, directeur de la Rainforest Foundation (Fondation pour la forêt tropicale), un organisme basé au RU. « Il semble bien qu’une fois de plus, nous nous déchargeons de nos problèmes d’environnement sur les pays en voie de développement, où ils produisent des effets dévastateurs sur la population locale. »
Outre l’huile de palme, on emploie l’huile de soja. Hélas, le soja est le principal responsable de la destruction de la forêt tropicale en Amazonie brésilienne. Leurs partisans insistent sur le fait que les biocarburants neutres du point de vue du carbone ; en effet le CO2 dégagé lors de leur combustion est réabsorbé par les plantes à partir desquels ils sont produits. Pour les moteurs diésels, l’intérêt est d’autant plus grand qu’aucune modification n’est nécessaire pour les faire fonctionner aux huiles végétales ; en Allememagne, la production de bio-diésel a doublé depuis 2003. On projette aussi de se servir d’huile de palme pour alimenter les centrales électriques.
Hier encore, le minuscule marché européen des biocarburants était dominé par l’huile de colza. Mais un accroissement de la demande émanant du marché de l’alimentation a également provoqué une hausse du prix de l’huile de colza, ce qui a conduit les fabricants de carburants à se tourner vers les huiles de palme et de soja. Pour le seul mois de septembre les prix de l’huile de palme ont bondi de 10% et on prévoit que cette hausse atteindra 20% l’an prochain : la demande mondiale en biocarburants est en augmentation, elle atteint 25% par an.
Roger Higman, des Amis de la Terre RU, organisation en faveur des biocarburants, dit : « Nous devons nous assurer que la production de biocarburant répond à des critères de durabilité, sans quoi nous allons nous retrouver avec des forêts tropicales défrichées et remplacées par des cultures destinées au biodiésel. »
Fred Pearce, New Scientist
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