Mexique: le sous-commandant Marcos entre en campagne
Le sous-commandant Marcos, chef de l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), lance dimanche "l'autre campagne" visant à regrouper les forces politiques alternatives, parallèllement à la campagne présidentielle mexicaine.
Le leader zapatiste quittera dimanche la communauté indienne de La Garrucha pour rejoindre San Cristobal de las Casas, la capitale historique du Chiapas (sud-est), située à environ quatre heures de route, première étape d'un périple de six mois à travers le pays.
Pour le 12e anniversaire du soulèvement armé zapatiste, une grande réunion publique sera organisée face à la cathédrale de San Cristobal. Vendredi aucun signe particulier ne laissait présager un grand évènement en préparation à San Cristobal, mais les milieux proches des zapatistes s'attendaient à une grande mobilisation.
Selon Noé Pineda du centre des droits de l'homme Fray Bartolomé de la Casas, de nombreux sympathisants vont se rendre à La Garrucha pour se joindre à la caravane du guérillero au passe-montagne. Par ailleurs, des centaines d'indiens se prépareraient à descendre des montagnes dimanche.
Le centre Fray Bartolomé a annoncé dans un communiqué qu'il accompagnerait la caravane des zapatistes et estimé que "la nouvelle initiative pacifique et civile de l'EZLN créait de nouvelles conditions pour la paix".
Durant la première étape du deuxième "Zapatour", comme l'a dénommé la presse mexicaine, des dizaines de véhicules devraient accompagner les dirigeants de l'EZLN. En 2001, Marcos s'était déjà rendu dans une grande caravane depuis le Chiapas jusqu'à Mexico.
La sécurité du leader zapatiste sera assurée par ses propres miliciens non armés, a assuré Noé Pineda, alors que les autorités mexicaines ont annoncé qu'elles ne s'opposeront pas à son périple tant qu'il respecte les lois.
L'église catholique s'est aussi félicitée de la nouvelle initiative des zapatistes. "Dans la recherche d'alternatives, l'EZLN propose +l'autre campagne+. Il faut la féliciter de ne plus chercher la voie armée, mais de dédier son énergie à promouvoir des changements sociaux, politiques et économiques, en regroupant ceux qui se disent de gauche", écrivent dans leur message de nouvel an l'evêque de San Cristobal Felipe Arizmendi et son auxilliaire Enrique Diaz.
"Alors que les partis politiques ressemblent plus à une agence pour l'emploi que (des entreprises) favorisant le bien commun", ajoutent-ils.
Le périple mènera le leader de la guérilla zapatiste dans la capitale mexicaine le 24 juin prochain, quelques jours avant la présidentielle du 2 juillet 2006.
Pour les zapatistes, qui rejettent en bloc les partis politiques traditionnels, il ne s'agit en rien de participer au système électoral mexicain. "L'autre campagne" correspond à une nouvelle orientation politique pour rassembler et organiser un front de forces de gauche pour lutter contre le néoliberalisme et la mondialisation.
"Un nouveau pas en avant dans la lutte des indigènes n'est possible que si l'indigène s'unit avec les ouvriers, les paysans, les étudiants, les professeurs, les employés... Peut-être unis avec d'autres secteurs sociaux, il sera possible d'obtenir ce dont nous avons besoin et méritons", disait l'été dernier le leader zapatiste.
Pendant son voyage, le sous-commandant Marcos se présentera comme "le délégué zéro" de ce nouveau mouvement. Le 2 janvier, il se réunira à San Cristobal avec les représentants des centaines d'organisations locales qui ont paraphé la 6e déclaration de la forêt de Lacandone, le document de l'EZLN qui annonce que la guérilla cherche une nouvelle voie politique, sans renoncer aux armes.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire