l'écomobile s'expose à Genève
Si l'industrie continue de nous proposer d'abord et surtout des automobiles roulant au pétrole, elle n'a pas attendu que s'annonce l'épuisement des réserves d'or noir pour explorer d'autres voies. La plupart des grands constructeurs ont engagé, il y a plusieurs années déjà, d'importants programmes de recherches sur diverses sortes d'énergies alternatives. Mais jamais ils n'ont affiché aussi publiquement et largement leurs résultats qu'à l'occasion de ce Salon. Deux raisons au moins expliquent cet étalage. D'abord, une sensibilisation croissante des populations des pays à forte densité automobile - à l'exception relative et sans doute provisoire des Etats-Unis - aux problèmes liés à la consommation d'essence ou de diesel, en particulier en termes de pollution et d'effet de serre. Ensuite, la menace d'une fin du pétrole plus rapide que prévu, consécutive notamment à l'émergence de nouveaux et gros consommateurs comme la Chine et l'Inde. Sans oublier, accessoirement, la flambée, qui paraît inéluctable, des prix à la pompe. Pas besoin, donc, de les chercher, ils sont partout sous les toits de GENEVA-PALEXPO! Là un véhicule hybride essence ou deisel+électricité, ici un autre essence+gaz, là un modèle tout électrique à moteur unique, là un autre avec un moteur pour chaque roue, là un prototype fonctionnant à l'éthanol, ici un autre au gaz comprimé, à l'hydrogène ou encore à piles à combustible, les fruits des recherches vers des ressources énergétiques alternatives pour nos voitures de demain ou d'après-demain se cueillent sur de très nombreux stands.
Celui à la triple enseigne de EcoCar, E’mobile et Gazmobile (halle 5, stand 5143) en réunit à lui seul une dizaine: MES-DEA Twingo et Panda électriques, Honda Civic et Toyota Prius hybrides, VW Touran, Citroën C3, Opel Combo et Zafira, Mercedes 200 roulant aussi bien à l’essence qu’au gaz naturel. Autant de véhicules d’ores et déjà commercialisés, mais qui font davantage figures de propositions transitoires que de solutions finales. Car les technologies qu’ils exploitent permettent, certes, de réduire la consommation de produits fossiles- ce qui est déjà très appréciable par les temps qui courent, mais pas de s’en passer complètement. Or, à terme c’est à des énergies totalement renouvelables que devra faire appel l’automobile, si elle entend assurer sa survie. Au biogaz, à l’éthanol ou encore à l’hydrogène sous forme de carburant ou de combustible pour des piles. On peut en voir aussi quelques spécimens au Salon, par exemple le très beau prototype Saab Aero-X, donc le 6 cylindres de 400 chevaux tourne à l’éthanol, ou le tout aussi superbe Concept Honda FCX de berline à piles à combustibles, exposé avec sa station d’énergie domestique, qui permet de produire, à partir du gaz du réseau, à la fois de l’eau chaude pour la maison et de l’hydrogène pour la voiture.
Mais, si prometteuses qu’elles soient, ces perspectives amènent des problèmes d’une tout autre complexité que ceux posés par les véhicules hybrides ou à gaz. En particulier quant à la production et le stockage, sans l’aide d’énergie fossile, en grande quantité et en toute sécurité, des ressources comme l’éthanol, le biogaz ou l’hydrogène.
Alors, quelles sont les plus prometteuses, parmi ces diverses voies de recherches? Toutes peut-être, car la solution de remplacement des carburants d’origine pétrolière ne sera sans doute pas unique, mais multiple. En effet, si aujourd’hui le monde entier roule au pétrole, demain, il est fort probable que chacun roulera avec ce qu’il a, que chaque région du monde carburera avec l’énergie dont elle peut disposer le plus aisément. Là où il restera suffisamment de pétrole, on roulera à l’essence ou au diesel; là où les réserves de gaz seront importantes, on roulera au gaz; là où il sera possible de fabriquer de l’hydrogène propre et à bon prix, on roulera à l’hydrogène ou à la pile à combustible; là où de vastes exploitations agricoles permettront de produire d’importantes quantités d’éthanol ou de biogaz, on roulera au naturel.
C’est peut-être une première image de ce monde automobile-là que nous montre ce 76ème Salon international de Genève.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire