2 mars 2006

L'Ile Maurice se lance dans la production d'éthanol déshydraté

Alcodis se lance dans la production d'éthanol déshydraté

Deux ans après avoir démarré la production d'éthanol brut à Maurice, l'usine Alcodis se met à la production d'éthanol déshydraté, en l'occurrence le fuel éthanol, qui est utilisé comme carburant pour véhicules dans plusieurs pays. Ce carburant vert sera exporté vers l'Union européenne à la fin de l'année. " Jusqu'à présent, on exportait uniquement de l'éthanol brut sur l'Europe. Alcodis sous-traitait ensuite l'étape de déshydratation avec des compagnies européennes ", a indiqué au Mauricien Alexandre Maurel, Managing Director d'Alcodis, et Deputy Chairman du groupe Roland Maurel Ltd. " Nous avons la capacité de production pour assurer un lancement réussi d'un programme de bio-fuel à Maurice ", ajoute-t-il. Alcodis s'embarque aussi dans un programme de diversification de ses activités : en partenariat avec une compagnie sud-africaine, l'entreprise démarre la production de fertilisants, qui seront vendus sur le marché local. Ses deux gros projets portent à US $ 20 M (Rs 600 M) les investissements d'Alcodis depuis son ouverture en 2003. Alors que les prix des produits pétroliers flambent et que celui du sucre va accuser une baisse substantielle, Alcodis offre une alternative à l'économie mauricienne.

La production de fuel éthanol constitue la troisième phase du développement d'Alcodis. " Notre éthanol se vend déjà en Europe sur le marché du biocarburant. Mais pour ce faire, nous devons sous-contracter la déshydratation à des entreprises européennes. Or, dès le deuxième semestre 2006 Alcodis sera en mesure de faire la déshydratation localement pour obtenir de l'éthanol pur, qui peut-être utilisé comme biocarburant en le mélangeant à de l'essence ", fait ressortir M. Maurel, qui ajoute que " sans la déshydratation, l'éthanol ne peut être mélangé à l'essence ". L'usine prévoit d'exporter sa première cargaison de fuel éthanol à la fin de l'année.

Avec ce développement, Alcodis a aussi maintenant la capacité de fournir le marché local en biocarburant, dans le cas où le gouvernement mauricien déciderait d'adopter un programme de bio-fuel. " Dès la phase 3 complétée, nous aurons la possibilité de mettre notre éthanol à la disposition du marché local ou de l'exporter ". Le marché local, admet notre interlocuteur, représente des perspectives intéressantes. Maurice consomme annuellement 100 000 tonnes d'essence, dont le prix n'a cessé de flamber ces deux dernières années. " Sans modification du moteur, une voiture à essence peut fonctionner avec un mélange d'éthanol de 10 %-25 %. Avec une production annuelle de 30 millions de litres d'éthanol, Alcodis a la capacité de fournir le marché local ".

Les avantages de ce biocarburant pour Maurice sont nombreux. Tout d'abord, il permet des économies importantes en termes de devises, surtout à un moment où les prix des produits pétroliers explosent sur le marché mondial. " Ce serait une bonne chose que Maurice se mette au bio-fuel. Cela diminuerait notre dépendance de l'importation des produits pétroliers et représenterait des économies de devises pour la State Trading Corporation ".

Diversification

Logiquement, dit M. Maurel, un produit disponible sur le sol mauricien devrait trouver sa place dans le pays. " La totalité des produits pétroliers sont importés et coûtent de plus en plus cher. Alors que ces prix élevés ont un impact défavorable direct sur l'inflation domestique et le secteur du transport, le remplacement d'une partie d'un litre d'essence avec de l'éthanol aiderait Maurice à réduire son déséquilibre commercial et sa dépendance énergétique, diversifierait notre base énergétique et contribuerait à un meilleur environnement grâce à une réduction importante des émissions de CO2, par rapport aux moteurs brûlant seulement de l'essence ". L'utilisation de l'éthanol, souligne-t-il, peut aussi bénéficier à l'industrie touristique. " Un programme de green fuel contribuera à un label d'une Île Maurice verte ".

Notre interlocuteur rappelle néanmoins que le mélange de l'éthanol à l'essence nécessitera une réflexion préalable. " Cela demandera énormément de réflexion et de préparation. C'est toute la chaîne logistique qui devra être revue ".

Alcodis a exporté l'an dernier sa production d'éthanol duty free vers le marché européen. " Maurice faisant partie du bloc ACP, l'éthanol mauricien bénéficie de l'entrée hors taxe sur le marché européen. C'est ce qui nous permet d'être compétitifs par rapport aux gros pays producteurs, dont les coûts de production sont inférieurs aux nôtres ".

Par ailleurs, Alcodis est aussi engagée dans une stratégie de diversification de ses produits. En partenariat avec une compagnie sud-africaine, elle a lancé la compagnie Renewable Fertilizers (Mauritius). Cette usine produira des fertilisants destinés au marché local. " La production de fertilisants et la fabrication d'éthanol déshydraté constituent les deuxième et troisième phases du plan d'expansion d'Alcodis ".

La deuxième phase d'extension, souligne M. Maurel, concerne le recyclage de la mélasse en fertilisants pour le marché local. " Le concept de la nouvelle usine est de retourner au sol, sous forme de fertilisants, ce que la canne a prélevé du sol ". La nouvelle usine sera en mesure de fournir 35 % des besoins du marché local, " ce qui n'est pas négligeable, lorsqu'on sait que 100 % des besoins de Maurice en fertilisants sont importés ".

Pour la production de fertilisants, Alcodis a investi dans une unité d'évaporation. Cette unité sépare les deux principales composantes de la mélasse : l'eau éthanolée et le CMS (Concentrated Molasses Solid). " L'eau éthanolée est envoyée à la distillerie pour la fabrication de l'éthanol. D'autre part, on récupère le CMS, qui est une matière très riche en potasse, un composant majeur des fertilisants ".

Le CMS sera ensuite acheminé à la compagnie renewable Fertilizers Mauritius pour être transformé en fertilisant. La nouvelle entreprise proposera aussi un service d'encadrement à ses clients. " Leurs techniciens feront le déplacement chez les clients pour faire des analyses des sols, avant de formuler des fertilisants sur mesure ". Les fertilisants seront mis sur le marché dès la coupe 2006.

source: Le Mauricien

0 commentaires:

  © Blogger template 'Isolation' by Ourblogtemplates.com 2008

Back to TOP