16 juin 2006

Les hypers misent sur le poisson équitable

La pêche durable et le poisson équitable deviennent des arguments de vente dans les hypermarchés.

Un poisson d'aquaculture durable et de commerce équitable. Avec le tilapia du Brésil, le groupe Auchan promet « la totale » à ses clients soucieux de développement éthique. Simple opération de marketing en direction d'un public désormais critique ? Peut-être, mais on peut aussi se réjouir qu'un distributeur puisse désormais espérer gagner des parts de marché sans miser uniquement sur les prix bas.

Auchan n'est pas le premier à se lancer. Depuis 2004, le groupe Carrefour propose une gamme de poissons surgelés sous l'étiquette « pêche responsable ». Du cabillaud, de la sébaste, du flétan, etc. Il y a quelques semaines, les Intermarché ont mis à l'étalage une légine des Terres australes éthiquement correcte sur le plan de la ressource, de la préservation des mammifères et des oiseaux marins, ainsi que des conditions sociales offertes à ceux qui la pêchent dans l'hémisphère Sud, en l'occurrence un bateau de l'armement des Mousquetaires. Ces démarches s'inscrivent dans le sillage d'écolabellisations plus anciennes dans les pays anglo-saxons, vendant à la fois un produit alimentaire et une idéologie.

Dans ce domaine, le tilapia du Brésil a de gros atouts, avec sa « faible empreinte écologique » dans la nature puisque son régime est surtout végétarien. En élevage, une petite quantité de farine et d'huile de poisson sauvage lui suffit donc. La nature n'est pas trop ponctionnée. À la transformation, ses déchets sont valorisés pour nourrir la crevette d'élevage. Dans l'état de Pernambouc, l'un des plus pauvres du Brésil, le tilapia sert enfin de support à une opération de développement menée par des religieux pour lutter contre l'exode rural. Avec des salaires inespérés pour le pays de 300 à 400 €. Diététique, grâce aux omégas 3, les bons acides gras, le tilapia, originaire du Nil, se pare enfin d'une connotation mythique qui va bien avec le marketing développement durable. Il aurait été le poisson multiplié par le Christ pour nourrir les foules ce qui lui vaut d'être surnommé au Brésil poisson de Saint-Pierre.

Vendu en filets, autour de 3 € seulement la barquette de 250 g, c'est le produit d'appel de la poissonnerie Auchan, qui adopte une série de démarches « responsables ». Six espèces seront vendues largement au-dessus de la taille minimum européenne (sole, plie, turbot, barbue, limande sole et limande franche). Le bar chaluté en hiver sur les zones de reproduction sera proscrit. Une démarche pédagogique permettra au client de se diriger de préférence sur des darnes de poisson mature, « issu de pêcheries bien gérées ». Cette nouvelle donne commerciale aura, à terme, des conséquences pour les producteurs et les pêcheurs. Parfois fâcheuses dans le cas des pêcheurs de bar qui opèrent en Manche en hiver.


Source: Ouest France

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