La marque de mon jean sur la planète
Une étude retrace l'impact écologique d'un pantalon, des champs de coton jusqu'à la poubelle. Et propose quelques règles de base pour respecter la nature.
Dis-moi comment tu portes ton jean, je te dirai à quel point tu détruis la planète. Voilà ce qu'on pourrait retenir de l'étude de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) réalisée à l'occasion d'un colloque consacré aux produits «verts» et à l'éco-consommation (1). L'agence a effectué l'analyse de cycle de vie d'un jean, et pas n'importe lequel : «Un pantalon en toile denim bleue de 600 grammes, muni d'une doublure en polyester de 38 grammes, de 6 rivets et d'un bouton.» Les experts ont analysé l'impact environnemental du vêtement selon le scénario suivant : le pantalon est porté un jour par semaine, pendant quatre ans. Il est lavé toutes les trois utilisations, dans un lave-linge de classe C à 40 degrés (avec ce type d'appareil, de consommation moyenne, le lavage de notre jean requerra 240 kilowattheures par an). Enfin, il sera repassé. Toutes les étapes de la production ont été passées au tamis environnemental.
Du transport au délavage
Le cycle de vie d'un jean se divise en deux stades : la production, depuis la culture de coton
jusqu'aux traitements du pantalon (délavage, par exemple) ; puis son utilisation (nettoyage, repassage...) et sa fin de vie. Acheter un jean dont le coton est produit en Inde entraîne un effet sur l'environnement plus fort que si celui-ci provenait d'Egypte, à cause du transport qui représente 6 % au total de l'impact environnemental. Si le coton est bio, cela est moins
dommageable pour les rivières et nappes phréatiques, puisqu'il n'a requis aucun produit chimique pour sa culture. Si le pantalon est produit dans un pays ne disposant d'aucune législation sur le traitement des eaux, c'est une horreur écologique. A chaque transformation (teinture, délavage), des produits chimiques se déversent des unités de production. Dès le choix du jean, on peut donc demander l'origine de la toile. Encore faut-il que le vendeur le sache...
Vive la saleté
Plus on lave son jean, plus on use la planète en sus dudit vêtement. Evidemment, la machine à laver consomme de l'énergie, sans compter le sèche-linge et même le fer à repasser qui font exploser les compteurs électriques. Au point que ces opérations constituent 47 % de l'influence néfaste d'un jean sur la planète. Donc bravo aux crades qui rechignent à laver leur jean. Le pire consiste à le faire nettoyer à sec. «Cela se fait pour les jeans de luxe», explique Nadia Boeglin, auteure de l'étude. Garnis de dentelles, pailletés, peints, certains jeans sont devenus des pièces chic et cher. «Une teinturerie utilise des produits toxiques ,comme le perchloréthylène, et consomme beaucoup d'énergie», ajoute Nadia Boeglin qui souligne qu'en général le pressing est une «cochonnerie environnementale».
Solutions de rechange
Une fois qu'on a dit ça, que faire ? Ranger son jean au placard ? Non, il faut juste adopter des comportements d'achat et d'utilisation qui minimisent son impact sur l'environnement. Où trouver un vrai jean en coton bio ? Pas si évident. «Certains fabricants nous ont affirmé qu'ils préparaient de tels pantalons pour bientôt», confie Nadia Boeglin. De toute façon, il faut suivre quelques règles de base : porter son pantalon deux jours par semaine au lieu d'un seul ; le laver toutes les cinq utilisations au lieu de trois ; le laver dans une machine de classe A et à froid ; mieux (donc moins) doser la lessive ; surtout ne jamais le repasser ni le faire sécher en machine. Et pour finir, mieux vaut le donner, le revendre ou s'en faire un string quand on l'a usé jusqu'à la corde, que de le jeter aux ordures où il finira dans un incinérateur. On évitera ainsi les émissions de gaz à effet de serre équivalentes à celles crachées par un cyclomoteur pendant 337 kilomètres ! Ou une consommation d'énergie équivalente à 25 heures de chauffage domestique. «Nous nous sommes concentrés sur le jean, mais chacun des produits quotidiens est un problème en tant que tel, précise Nadia Boeglin. En faisant simplement attention, on peut gagner environ 20 % d'émissions de gaz à effet de serre. C'est une question de comportement.» Et, toujours, de volonté. Sauf à démarrer une carrière de naturiste.
(1) Etude faite par Bio Intelligence Services pour le compte de l'Ademe (www.ademe.fr).
Source: Libération
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