6 août 2006

L’Éthanol, une solution d’avenir ou un leurre

Un carburant renouvelable qui réduit notre dépendance énergétique et diminue l’effet de serre ? une bonne idée en apparence. A moins qu’il ne coûte plus cher que l’essence et ne contienne moins d’énergie qu’il n’en faut pour le produire...

De plus en plus de constructeur offrent des véhicules à carburant «flexible » pouvant fonctionner à l’essence et à l’éthanol, avec un mélange allant jusqu’à 85%. Si ce carburant est moins nocif pour l’environnement à sa sortie de l’échappement, sa production demande une grande quantité d’énergie qui annule ses bienfaits. Alors pourquoi les constructeurs offre une approche à l’éthanol. Issu de l'agriculture (maïs, bois), il réduit l'effet de serre ainsi que notre dépendance énergétique. Cerise sur le gâteau, les moteurs actuels le tolèrent très bien, moyennant quelques modifications.

L’exemple du Brésil et de la Suède

Le Brésil est le plus grand producteur mondial de canne à sucre et produit du Bioéthanol, un alcool très proche de la vodka issu de la transformation de céréales, de betteraves ou de cannes à sucre. Les Brésiliens l'ont adopté en masse voilà une trentaine d'années. La Suède, qui en avait fait son carburant de substitution pendant la pénurie des années quarante, redécouvre aujourd'hui ses vertus écologiques.

Il aura suffi que le gouvernement suédois s'engage fin 2004 à supprimer les taxes sur le bioéthanol pour que Saab se décide à investir dans ce carburant alternatif. Lancée au printemps 2005, la 9-5 BioPower fonctionne sur un mélange à 85 % d'éthanol (appelé E85) et représente déjà 80 % des ventes de ce modèle dans le pays. Par ailleurs, 22.000 Ford Focus ou C-Max Bioflex roulent déjà au bioéthanol. Elles représentent déjà près de 10 % des voitures neuves vendues en Suède.

Zéro taxe sur le E85 : les Suédois disent oui !

Sans rien changer à leurs habitudes de conduite, ces citoyens vertueux ont la satisfaction de rouler plus propre tout en réalisant de substantielles économies. Près de 4.000 euros par an à en croire les gens de chez Saab si on cumule les économies à la pompe (E85 quasiment exempté de taxes), la taxe de vente ajoutée à taux réduit pour les véhicules propres (-20 à -30 %) et le stationnement gratuit dans la majorité des grandes villes du pays. De quoi donner à réfléchir pour d’autres pays industrialisés

De fait, s'il bénéficiait des mêmes incitations fiscales, le bioéthanol pourrait connaître un engouement similaire au canada.

Energivore et encore cher à produire

Si le litre de E85 s'affiche en Suède à 87 centimes contre 1,25 euro pour le SP 95, c'est bien grâce à son régime fiscal particulier. "Sans ce coup de pouce, reconnaît Nicholas Källsäter, responsable de réseau chez le distributeur de carburants Statoil, le bioéthanol coûterait plus cher à la pompe que le super. S'il était soumis aux mêmes taxes que les autres carburants, le E85 n'aurait jamais percé comme il l'a fait en Suède."

La raison de ce coût élevé ? Un processus de distillation qui n'exploite que le maïs ou la céréale, et laisse de côté la tige. A ce jour, les chiffres les plus optimistes font état de rendements de 370 litres d'éthanol à la tonne de maïs, de 340 litres à la tonne de blé et de 100 litres à la tonne de betterave. A l'étude depuis plus de dix ans, un nouveau processus de biomasse utilisant l'intégralité de la plante promet des gains de productivité énormes. Impératif si l'on ne veut pas, à terme, empiéter sur les surfaces cultivables consacrées à l'alimentation.

Reste la question épineuse du bilan énergétique global du bioéthanol : combien d'énergie faut-il dépenser pour produire un litre de ce biocarburant qui permet d'aller moins loin qu'avec de l'essence (- 25 % environ avec le E85 ) ? Là encore, les conclusions divergent.

Bilan énergétique : il n'y a pas de miracle

Si l'on en croit les travaux menés par PriceWaterhouseCoopers à la demande de l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'éngergie) de la DIREM (Direction des Ressouces Energétiques et Minérales), "la filière bioéthanol restitue actuellement deux fois plus d'énergie qu'elle ne consomme d'énergie non renouvelable. Comparativement, l'essence restitue moins d'énergie qu'elle n'en consomme."

L'EPA américaine (Environmental Protection Agency) se veut un peu moins optimiste. Selon son rapport, "pour 1,3 unité d'énergie de bioéthanol produite, il faudrait brûler 1 unité d'énergie fossile non-renouvelable" dans les moteurs des tracteurs et dans les usines de distillation. Selon d'autres études américaines citées par les magazines Business Week et Car and Driver, ce bilan deviendrait même carrément négatif en cas de mauvais rendement à l'hectare.

Les écologistes ont cependant la parade absolue. Selon eux la substitution d'une tonne de bioéthanol à une tonne d'essence réduirait de 75 % les émissions de gaz à effet de serre. D'une part parce que sa combustion est naturellement plus propre, mais aussi parce que "le CO2 dégagé est le même que celui que la plante avait puisé précédemment dans l'atmosphère pour sa croissance."

Ainsi, le bioéthanol ne participerait pas à l'augmentation de l'effet de serre. Tout au plus à l'entretien de ce cycle naturel.

L'éthanol n'est pas LA solution. Il est UNE des solutions

Dans cette bataille de chiffres, une certitude émerge : pas plus que les autres biocarburants, le bioéthanol ne pourra remplacer le super sans plomb et le Diesel. L'avenir des transports passera par la cohabitation entre une multitude de carburants.

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