3 janvier 2007

Des industriels suédois financent la construction de 150 éoliennes

Plusieurs entreprises suédoises, grosses consommatrices d'électricité, ont décidé de financer ensemble la construction de 150 éoliennes.

"Il y a eu une telle explosion du prix de l'électricité en Suède que cela en est presque indécent", critique Anders Lyberg, PDG de Vindin, la société qui vient d'être créée à cet effet. Celle-ci est une émanation de l'organisation BasEl, un groupement d'industriels suédois qui se sont rassemblés, il y a deux ans, pour promouvoir des projets destinés à augmenter l'offre d'électricité par le biais de la production ou des importations.

Créée il y a quelques semaines, Vindin est en train d'identifier les sites terrestres sur lesquels pourraient être construites des turbines. Plusieurs parcs sont envisagés, de préférence sur les terrains appartenant aux entreprises impliquées dans le projet, afin d'éviter le coûteux raccordement aux réseaux en place ainsi que le prix du transport de l'électricité.

"La solution éolienne devient intéressante car les turbines sont dix fois plus grosses qu'il y a cinq ans et parce que la production d'énergie renouvelable est subventionnée en Suède. Sans cela, ce ne serait pas rentable", explique M. Lyberg.

"UNE OFFRE CONTRÔLÉE"

Selon Vindin, le prix de l'électricité a doublé ces cinq dernières années. "Les trois principaux producteurs contrôlent l'offre. Ils ne remplissent pas assez les barrages des centrales hydroélectriques, ne font pas marcher les centrales nucléaires à plein rendement et exportent en plus une partie de leur production vers le Sud, insiste M. Lyberg. Tout cela contribue à maintenir les prix à la hausse. Et comme nous sommes sur un marché libre, il n'y a pas grand chose d'autre à faire que de se bouger." "Il est faux de dire que nous bloquons artificiellement les prix à la hausse, réplique Nils Andersson, responsable de la production dans les pays nordiques chez Vattenfall, l'un des trois principaux producteurs suédois. Les droits d'émission imposés par l'Union européenne en sont largement responsables. Mais si ces industries veulent investir dans la production, libre à elles. Cela montre que le marché fonctionne."

Vingt-trois sociétés des secteurs minier, forestier, chimique et sidérurgique sont membres de BasEl. Ensemble, elles consomment 32 térawatts par an (1 Twh = 1 milliard de kW), soit plus d'un cinquième de la consommation totale de la Suède. Une dizaine d'entreprises de BasEl ont rejoint le projet Vindin dont l'objectif est de fournir 1 Twh par an d'ici cinq ans, ce qui reviendra à doubler la production suédoise d'énergie éolienne.

DOUBLER LA PRODUCTION LOCALE

"On constate que le prix de l'électricité devient un paramètre qui a pris une importance accrue ces dernières années lorsque nous sommes sur le point d'investir dans de nouvelles capacités de production", note Mikael Hannus, directeur des questions énergétiques de Stora Enso, le géant finno-suédois de l'industrie papetière, qui est le plus gros consommateur d'électricité de Suède avec 5,3 Twh.

"La construction de nouvelles centrales nucléaires est bloquée en Suède par le gouvernement et il en va de même pour de nouvelles unités hydroélectriques. L'énergie éolienne est donc le moyen le plus rapide d'augmenter la capacité de production d'électricité", explique Anders Lundqvist, expert en énergie de LKAB, la compagnie qui exploite des mines de fer en Laponie. Cette entreprise envisage de placer une dizaine de turbines au sommet même de sa mine de Kiruna. Le coût du projet s'élèverait aux alentours de 500 millions d'euros. "Mais l'énergie éolienne seule ne suffira pas pour faire face à nos besoins", dit M. Lyberg.

De fait, ce projet Vindin ne dénote pas une brusque conversion de l'industrie aux thèses écologistes. L'objectif de BasEl est, à terme, d'augmenter la capacité de production de 10 Twh par an sur le marché suédois pour peser sur les prix. "BasEl veut construire deux nouvelles centrales nucléaires en Suède. Nous sommes prêts à miser 70 milliards de couronnes [7,7 milliards d'euros] là-dessus tout de suite, mais il n'y a pas de majorité politique pour cela", regrette M. Lyberg.

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