10 mars 2007

Curitiba, une ville écolo

Un programme de développement urbain innovant

Curitiba, ville brésilienne de 1.500.000 habitants, est la capitale de l’Etat du Parana. Depuis une trentaine d’années, la municipalité de Curitiba a engagé un projet de développement dont certains aspects ont été présentés comme des exemples à travers le monde entier. Les principaux axes d’innovation sont : la politique de transports, la gestion des déchets, les actions en faveur de l’emploi, l’amélioration du cadre de vie, l’action sociale, la formation des acteurs.

La population de Curitiba s’est fortement accrue : elle a été multipliée par trois en l’espace de 25 ans.

La préoccupation des initiateurs du projet, sous l’impulsion du maire de la ville Jaime Lerner, a été d’associer croissance économique, développement social et protection de l’environnement. C’est-à-dire définir des actions dans l’esprit d’un développement durable.

Priorité aux transports publics

Le premier axe du programme a été celui des transports urbains : l’objectif était de développer l’utilisation des transports en commun afin d’améliorer la circulation dans la ville.

Le réseau d’autobus se présente comme une toile d’araignée composée de cinq grands axes de circulation réservés exclusivement aux autobus, d’une longueur totale de 80 kilomètres. Chacun des axes comporte un terminal d’où partent des lignes transversales, qui relient les quartiers de la ville. A cette configuration générale sont greffées des lignes qui relient les quartiers centraux à la périphérie.

Plusieurs facteurs ont contribué à rendre l’emprunt du bus particulièrement attrayant. D’abord, l’implantation de commerces et de services publics à proximité de chaque terminal, dans ce que l’on appelle les rues de la citoyenneté. Les promoteurs du projet ont aussi veillé à la qualité du service pour les utilisateurs : des abribus élégants, où l’on se procure le ticket (cela réduit le temps d’attente du bus). Le prix du ticket couvre l’ensemble des coûts, à l’exception des infrastructures, que la municipalité prend en charge.

Bilan de ce programme ? Un fort accroissement du nombre d’utilisateurs des autobus : 1,2 voyage par jour et par habitant, contre 0,7 auparavant. Cependant, le trafic automobile s’étant fortement développé, la circulation des autobus est maintenant ralentie. Des solutions sont recherchées pour améliorer la vitesse de déplacement des autobus et inciter un plus grand nombre d’habitants à utiliser les transports publics.

« Des déchets qui ne sont pas des déchets »

Deuxième axe du projet : la collecte des déchets. Le ramassage (sélectif) des déchets existe dans le centre de Curitiba. En revanche, les camions de ramassage ne peuvent circuler dans les voies étroites et accidentées des bidonvilles. Pour pallier cette difficulté, la municipalité a eu une idée originale : échanger les déchets contre de la nourriture. Les habitants des bidonvilles collectent des déchets recyclables ; en échange d’un kilo de déchets rassemblés, les gens reçoivent un kilo de nourriture. Ces quartiers de la ville y gagnent en hygiène, et leurs habitants disposent d’un appoint alimentaire non négligeable, tout en n’étant pas considérés comme des assistés. Autre avantage : cette nourriture provient de surplus agricoles de petits paysans, qui trouvent ainsi un nouveau débouché à leur production. Les déchets collectés sont triés et valorisés dans des centres spécialisés qui embauchent des personnes en difficulté.

Le succès de cette opération repose en partie sur une campagne de communication lancée par la municipalité sous le titre : « des déchets qui ne sont pas des déchets ».

Une action en faveur de l’emploi et de l’aménagement du territoire

Enfin, troisième grand axe d’action : la Ligne pour l’emploi. La municipalité de Curitiba a voulu fournir des moyens financiers et des infrastructures aux personnes voulant créer leur entreprise. Aussi a-t-elle construit des routes, des écoles, des dispensaires et des centres de loisirs dans des quartiers périphériques de la ville. Elle a aussi créé des hangars de l’entrepreneur, où des créateurs d’entreprise bénéficient de la mise à disposition d’un local et d’une aide pour apprendre à mieux gérer leur activité. Les futurs entrepreneurs ont deux ans pour « faire leurs preuves ». Par ailleurs, ont été créé des villages de l’emploi qui rassemblent quinze à vingt constructions. Au rez-de-chaussée on trouve de petits commerces, l’étage, un
logement. Lorsque leurs occupants ont fait la preuve que leur activité est rentable, il leur est possible d’acquérir leur commerce-logement grâce à un prêt qui leur est accordé. Le projet la ligne pour l’emploi comporte aussi un volet formation.

Limites de l’expérience

La Ville a engagé des actions dans d’autres domaines : mesures en faveur de l’insertion des exclus, développement des espaces verts, création de rues piétonnes, aménagements de Phares du savoir pour faciliter l’accès de la culture au plus grand nombre. Par ailleurs, pour contribuer à la formation continue de différents publics, la municipalité a créé l’Université libre de l’Environnement. L’objectif visé est de diffuser les connaissances et les pratiques environnementales et faciliter des comportements plus respectueux de l’environnement.

Certes, malgré tous ces efforts, les champs à explorer restent vastes, et tout ce qui a été entrepris n’est pas exempt de critiques. En particulier, il est souvent reproché à cette expérience le manque de consultation de l’ensemble de la population, l’insuffisance de l’implication des citoyens dans l’élaboration même des programmes, à l’instar de ce qui mené par exemple à Porto Alegre, dans l’Etat voisin de Rio Grande do Sul, dans le cadre du « budget participatif ». Il n’en reste pas moins vrai que les actions engagées à Curitiba peuvent aider les autres villes d’Amérique latine, mais aussi des villes européennes, à dégager des pistes d’actions pour contribuer à un développement plus durable.

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