18 août 2007

Biocarburants ou eau: il faut choisir

Les biocarburants, largement préconisés pour remplacer les énergies fossiles et réduire les émissions de CO2, sont loin d'être la panacée selon des experts soulignant que leur production est très gourmande en eau, une ressource déjà limitée.
Ils redoutent également que la fabrication à grande échelle de ces carburants "verts", faits à partir de produits agricoles, se fasse au détriment de la production des aliments de base.

"Lorsque les gouvernements et les entreprises discutent de la solution des biocarburants, je pense que la question de l'eau n'est pas suffisamment prise en compte", a indiqué à l'AFP Johan Kuylenstierna, directeur de la Semaine mondiale de l'eau.

Ce congrès annuel est actuellement réuni pour sa 17e édition à Stockholm, en présence de quelque 2.500 experts du secteur de l'eau, venus du monde entier.

A l'avenir, "la production de nourriture va devoir augmenter, la consommation d'eau dans le secteur agricole va énormément augmenter et la production de biocarburants va augmenter. Du point de vue de l'eau, l'équation ne tient pas la route", a averti M. Kuylenstierna.

"D'où viendra l'eau servant à cultiver des aliments pour nourrir une population mondiale croissante si elle est détournée par la production de céréales servant aux biocarburants", s'est interrogé de son côté David Trouba, porte-parole l'Institut international de l'eau à Stockholm (SIWI).

Selon le SIWI, en 2050, la quantité d'eau nécessaire à la fabrication de biocarburants sera équivalente a celle requise par le secteur agricole pour nourrir l'ensemble de la population de la planète.

"Les biocarburants ne sont pas +la+ solution mais +une+ solution", a estimé M. Kuylenstierna.

Pour Sunita Narain, directrice du Centre pour la science et l'environnement, en Inde, les biocombustibles sont "une idée qui est bonne en théorie, mauvaise dans la pratique".

Selon cette experte influente, la priorité est d'aborder et de régler la question de la consommation de carburant.

Car il est "extrêmement idiot" d'imaginer qu'il sera possible à l'avenir de consommer autant de biocarburant que nous consommons actuellement de combustible fossile, a-t-elle estimé.

"Si nous voulons consacrer de l'eau (à la production de biocarburants), nous devons réduire la consommation des biocarburants. Par exemple, les destiner aux bus et non aux voitures", a-t-elle expliqué.

Au delà de la question de la limite de la disponibilité de l'eau, les experts craignent que la production à grande échelle des carburants "verts" entraîne une forte hausse du prix des denrées alimentaires de base.

"La production de biocarburants pourrait devenir un important concurrent de la production de nourriture. Les prix mondiaux des aliments pourraient augmenter", explique M. Kuylenstierna.

Un avis partagé par Mme Narain qui dénonce la pression haussière sur les prix des aliments et cite en exemple "la guerre de la tortilla": l'augmentation aux Etats-Unis de la production d'éthanol à partir du maïs a provoqué début 2007 une hausse du prix du maïs sur le marché international et une hausse de celui de la "tortilla", galette de maïs largement consommée par les Mexicains.

L'éthanol est un biocarburant qui a été érigé au rang de priorité nationale aux Etats-Unis où il compte désormais pour 5% du volume total d'essence distribué.

Remplir un réservoir de 95 litres d'éthanol pur nécessite environ 200 kilos de maïs, c'est à dire assez de calories pour nourrir une personne pendant un an, relève le SIWI dans un dossier de presse.

source: AFP

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