Dans l'éreintant marathon final engagé à Montréal pour renforcer la lutte contre le réchauffement climatique, des pays émergents comme le Brésil font valoir les efforts fournis à leur échelle, quand des pays riches traînent les pieds. Son gouvernement vient d'annoncer la réduction de 30% en trois ans du taux de déforestation de la forêt amazonienne, grâce à un programme de lutte contre ce fléau qui compte pour 60 à 75% des émissions de gaz à effet de serre du pays. Désormais, la plus vaste forêt tropicale du monde fait l'objet d'une surveillance constante, sous l'oeil d'un satellite chinois. "Nous avions autrefois un retard de 18 à 24 mois sur les informations", souligne le directeur de l'environnement au ministère brésilien des Affaires étrangères, Luis Alberto Figueiredo Machado. "Maintenant elles nous arrivent en temps réel". Les zones protégées sont maintenant aussi vastes que l'Espagne, 9 millions d'ha de terres indigènes seront bientôt certifiées et intouchables. Parallèlement, le ménage a été fait dans les sous-bois: 582.000 m3 de bois coupés illégalement ont été saisis, 241 personnes arrêtées (dont 68 fonctionnaires!) et 260 millions de dollars d'amendes infligés (à 2.200 USD l'ha concerné). "Sans engagement chiffré ni objectif quantifié, le Brésil croit en ses responsabilités: ses engagements volontaires contribuent déjà à réduire les émissions de gaz à effet de serre", a noté jeudi la ministre brésilienne de l'Environnement, Marina Silva. Plus d'une centaine de ministres de l'Environnement sont présents dans la métropole québécoise où se tient la conférence des Nations unies sur le changement climatique. Ils ont jusqu'à vendredi pour définir les suites à donner au Protocole de Kyoto, ce traité - qui impose à 34 pays riches de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre - expirant en 2012. Pour l'heure, nombre d'entre eux dont le pays hôte de la conférence, le Canada, sont bien en peine de tenir leurs engagements et leurs émissions de gaz carbonique (CO2) continuent de grimper, parfois de flamber. "Nous avons le devoir de lutter contre le déboisement et de préserver la biodiversité. Nous cherchons une forme d'indemnisation ou de crédits sur ce point", reprend Mme Silva. "Les grands émetteurs ne respectent pas leurs engagements, alors que d'autres pays comme la Papouasie-Nouvelle Guinée, ou le Costa-Rica, ont apporté des contributions importantes". A la demande brésilienne, la déforestation devrait faire l'objet d'une décision de la conférence vendredi, ouvrant le dialogue sur ce point dans le cadre de la convention des Nations unies sur le changement climatique. Selon l'Onu, près de 20% des émissions mondiales de CO2 proviennent des changements dans l'utilisation des sols et notamment de la déforestation. Le phénomène de photosynthèse permet aux arbres de stocker le carbone, mais leur abattage envoie au contraire le CO2 dans l'atmopshère. "Nous avons montré clairement que nous étions capable de contribuer à la diminution mondiale des émissions de CO2. Ce que nous demandons maintenant, c'est la mise en place d'un cadre et d'incitations", explique M. Figueiredo. Pas question en revanche, se récrie-t-il, de mettre les économies de gaz polluants ainsi réalisées aux enchères: "Nous ne voulons pas que, grâce à nous, un pays achète le droit de polluer davantage". Pour l'heure, les 30% de déforestation auxquels a échappé son pays n'ont pas encore été quantifiés en termes d'économies d'émission de CO2 mais, assure-t-il, ce sera chose faite sous peu, dans le prochain inventaire. |
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