31 décembre 2005

OMC : L’accord qui vient d’être conclu est une “trahison”

Oxfam International condamne l’accord qui vient d’être conclu en ce dernier jour de la Conférence ministérielle de l’OMC à Hong Kong car celui-ci échoue à placer le développement au cœur des priorités. Cet accord est inacceptable et reflète beaucoup plus les intérêts des pays riches que ceux des pays en développement. Il ne permettra pas les réformes dont les pays les plus pauvres ont besoin.

"Cet accord est profondément décevant et constitue une trahison des promesses faites pour le développement. Une fois de plus, les intérêts des pays riches ont prévalu. Les pays pauvres ont dû lutter de toutes leurs forces simplement pour maintenir certaines de leurs questions sur la table des négociations. Les maigres progrès réalisés sur certains aspects des négociations agricoles sont plus qu’annulés par les propositions extrêmement nuisibles sur les services et l’industrie », indique Phil Bloomer, responsable de la campagne ‘Pour un Commerce équitable’ d’Oxfam International.

"Les pays en développement ont été mis dans une situation impossible. Soit ils acceptaient un texte qui était très injuste et contraire au développement, soit ils étaient rendus responsables de l’échec du Cycle. Ils sont pourtant restés fermes et unis tout au long de la conférence et ont pu empêcher certaines propositions catastrophiques. Il est clair de nombre d’entre eux ont accepté ce texte à contre coeur » ajoute Phil Bloomer.

Les ministres et les commentateurs pensent qu’une nouvelle Conférence de l’OMC aura lieu l’an prochain pour conclure le cycle mais Phil Bloomer met en garde sur le fait que « à moins que les pays riches ne changent fondamentalement leur attitude dans ces négociations, aucune nouvelle extension du cycle ne sera suffisante ».

Sur le volet agricole, le texte inclut enfin un engagement qui garantit aux pays en développement le droit à la protection des produits vitaux pour les agriculteurs pauvres. On y trouve également l’engagement d’éliminer les subventions à l’exportation et toutes les formes de soutiens équivalents d’ici à 2013. C’est donc trois ans plus tard que ce qui avait été initialement souhaité et les subventions à l’exportation de l’UE s’élèvent à 2,5 milliards d’euros par an - soit seulement 3,5% du montant total des aides à l’agriculture.

Par ailleurs, alors que l’agriculture est le secteur prioritaire pour les pays en développement, l’essentiel des négociations reste à faire sur ce volet. Le texte ne comporte aucun engagement de réduire les soutiens internes qui sont source de dumping, ni de renforcer les disciplines sur les aides autorisées. Le texte n’offre pas non plus de garantie que les pays en développement obtienne un meilleur accès aux marchés du Nord.

Sur le coton, les Etats-Unis offrent d’éliminer toutes les formes de subventions à l’export, ce qui est bienvenu, mais cela est déjà exigé par les conclusions d’un jugement de l’OMC et ces subventions ne représentent que 10% du montant total des aides aux producteurs de coton américains. Le texte ne traite pas de la question centrale qui est celle des soutiens internes dont il a été prouvé qu’ils ont un effet de distorsion des échanges et facilitent le dumping.

Dans les autres secteurs de négociations - les services et l’accès aux marchés non agricoles - les propositions sont passées de mal en pis. Le droit des pays pauvres à protéger leurs services de base et les industries naissantes a été très largement affaibli, ce qui fait peser des menaces graves sur le développement.

Le « paquet de développement » tant vanté pour les pays les plus pauvres s’est réduit comme peau de chagrin pour n’inclure que des promesses creuses en matière d’aide au commerce (celles-ci incluant très peu de nouveaux budgets), et une disposition revue à la baisse sur l’accès sans quota ni droit de douane qui permet aux pays riches d’exclure certains produits vitaux pour les conditions d’existence de millions de pauvres.

Pour Phil Bloomer : « Il n’y a pas de véritable ouverture dans cet accès sans droits de douane ni quota. Les pays riches auront toujours la possibilité de protéger des secteurs clés comme les textiles. C’est déplorable que cette Conférence ne parvienne même pas à déboucher sur un « paquet » pour les pays les plus pauvres ».

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