21 août 2006

Les artisans du rebut global: maison modèle

Bâtir une maison à même les plus vils rebuts. L’idée était folle. Et pourtant, Les Artisans du rebut global, une série présentée à l'automne 2004 (et en reprise cet automne) à Télé-Québec, a prouvé que c’est dans les folles idées que naissent les grandes réalisations...

Marc St-Onge bouscule tous les préjugés que l’on peut entretenir envers les producteurs télé. Lors du trajet en voiture en direction de la maison construite par les Artisans du rebut global, l’émission qu’il a conçue, il cause environnement et valorisation des déchets. Il parle des écolos qu’il a rencontrés, des cours à scrap et des usines de recyclage qu’il a visitées. «L’idée du show m’est venue à la suite d’une écoeurantite aiguë des émissions américaines de type Extreme Home Makeover», raconte-t-il. Des émissions où l’on démolit l’intérieur d’une maison pour tout refaire à neuf. Piqué au vif par ce gaspillage éhonté de matériaux, il a pondu le concept de sa série en cinq minutes.

Dans Les Artisans du rebut global, sorte de série-documentaire aux allures de télé-réalité, cinq volontaires devaient bâtir une maison en 13 semaines, en n’utilisant que de matériaux récupérés et à l’aide d’un budget de 15 000 $. L’objectif sous-jacent: mettre en pratique les beaux principes de réutilisation, de recyclage, d’écodesign et de consommation responsable. Le mont Arthabaska, à Victoriaville, a été choisi comme site.

Si la construction n’a pas été simple et que le projet a frôlé la catastrophe à plusieurs reprises, le producteur est toujours demeuré optimiste. «Je ne pouvais pas croire que ça ne fonctionnerait pas», confie Marc St-Onge. Effectivement, en octobre dernier, on lui a finalement planté le dernier clou à ce temple de la récup’. Devant une foule de quelques centaines de curieux qui avaient suivi à la télé toutes les étapes de sa construction. La dernière émission a été diffusée le 16 décembre. La chaîne française France 5 l’a aussi achetée pour la présenter à nos cousins dans un format de 5 heures. Bref, un succès sur toute la ligne pour Marc St-Onge. Et c’est toujours avec une fierté non dissimulée que le producteur l’a fait visiter, cette fameuse maison, au journaliste que je suis.

Idées récupérées
Le mandat de départ était de bâtir une maison pouvant abriter une famille de deux adultes et un enfant. Hormis cette contrainte, toutes les idées étaient permises. À condition d’être récupérées! L’extérieur de la maison ressemble à celle d’une résidence rustique. Bardeaux de bois, toit de tôle; le petit toit au dessus du porche est végétal. «On verra au printemps si les plantes auront survécu à l’hiver», lance Marc St-Onge en entrant dans la maison des artisans par cet avant-midi glacial...

C’est à l’intérieur que l’on trouve les plus belles trouvailles. Le plafond, l’intérieur du toit en pente, est couvert de feuilles de tôle. La rouille qui ronge le métal à certains endroits donne un effet visuel intéressant. Le bois est omniprésent. Des poutres retirées d’une vieille grange ont servi pour la charpente. De vieilles portes décapées ont été utilisées pour revêtir les murs. L’ambiance est celle d’un chalet rustique. «J’aurais pensé que les artisans auraient conçu une maison au look plus moderne, dit Marc St-Onge, Mais finalement, c’est un beau mariage entre le traditionnel et le contemporain.»

Ceux qui visitent la maison s’étonnent souvent devant le coin-cuisine, meublé à l’aide d’anciens équipements ayant servi dans les avions de ligne. Un petit chariot que bien des hôtesses de l’air ont dû balader entre les allées pour transporter rafraîchissements et sachets d’arachides a été travesti en comptoir mobile. De petits caissons qui ont, jadis, accueilli nombre de succulents repas aériens se sont transformés en armoires métalliques. Le coup d’oeil est réussi.

Dans la salle de bain, une baignoire sur patte trouvée dans une casse trône au fond de la petite pièce. La céramique qui le contourne a été faite à partir d’une poutre taillée en « tranches », lesquelles ont été disposées en damier. Grâce au bois, fini les frissons au sortir du bain, causés par un pied touchant la froide céramique!

Un escalier en colimaçon, acheté aussi dans une casse au coût de 450 $, mène à la mezzanine, la chambre des maîtres. Les barreaux de la balustrade sont faits d’anciennes pattes richement sculptées d’un piano à queue. La rampe, elle, est l’ancien système de glissement des portes d’une grange. Une balance industrielle à été placée là, pour symboliser l’équilibre au sein de l’équipe des artisans. Équilibre qui a été la clé de la réussite de ce projet.

Vraiment, il y a dans cette maison une concentration d’idées lumineuses qui sauront inspirer les plus écolos des bricoleurs. De cet assemblage cohérent d’objets pourtant hétéroclites, les artisans du rebut global ont réussi à créer une demeure au caractère riche et unique. Une maison qui enseigne, qui inspire. Une maison, surtout, à mille lieues des horreurs usinées qui comblent nos banlieues...

Source: hebdomadaire Voir du 6 janvier 2005.
à voir également: Les citadins du futur

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