11 février 2007

Piège à CO2: Total se lance à Lacq

Le procédé n'a jamais été mis en oeuvre à l'échelle industrielle. C'est aussi la première fois en France que l'on injectera dans le sous-sol du gaz carbonique (CO2) provenant d'installations industrielles, en l'occurrence à 4 500 mètres de profondeur, dans un ancien gisement d'hydrocarbures de Rousse (Jurançon).

L'idée est simple : il s'agit de capter le gaz carbonique pour éviter sa dissémination dans l'atmosphère, où il concourt à l'effet de serre.

Sorti d'une chaudière de l'usine de Lacq de 30 mégawatts, le CO2 sera épuré, recompressé et
acheminé par une canalisation d'une trentaine de kilomètres jusqu'au lieu d'enfouissement. Sous la maîtrise d'?uvre de Total exploration France (Lacq), et avec le concours des équipes d'exploitation production du CSTJF (Centre scientifique et technique Jean-Feger) de Pau, le groupe pétrolier va engager 60 millions d'euros dans ce programme, prévu sur deux ans et au terme desquels 150 000 tonnes de CO2 auront été captés. Les injections doivent débuter fin 2008.

Ce sera là une première européenne : la combustion se fera avec de l'oxygène, dans la chaudière « revampée » où brûlera le gaz naturel. C'est pourquoi l'on parle d'oxycombustion.

La capture en "oxycombustion" consiste à réaliser la combustion de l'énergie fossile en présence d'oxygène pur au lieu d'air, ce qui permet d’obtenir des fumées plus concentrées en CO2 (de l'ordre de 90%). Celui-ci est alors plus facile à séparer de la vapeur d’eau avec laquelle il est mélangé. Le principal problème est le coût de production de l’oxygène pur, obtenu en général par distillation cryogénique. L'étude d'un autre moyen de production d’oxygène plus économique à partir de l’air est en cours. Il consiste à placer dans la zone de combustion un solide comportant un métal oxydé. En présence du combustible, on récupère l’oxygène en réalisant la combustion.

Pourquoi de l'oxygène et pas de l'air ? « Pour s'affranchir du problème de l'azote », explique Jean-Michel Gires, directeur développement durable et environnement de Total. L'azote provoque en effet la dilution du gaz carbonique.

Il y aura ainsi une unité de séparation de l'air, d'où l'association avec Air liquide. La chaudière utilisera des brûleurs particuliers et il faudra modifier sa chambre de combustion.
Jean-Michel Gires révèle que le projet poursuivra deux objectifs : abaisser les émissions de CO2 de 50 % sur l'ensemble de la chaîne ; diviser par deux « le coût d'abattement » de la tonne de gaz carbonique. Car si vaincre l'effet de serre n'a pas de prix, capter le CO2 a un coût, au demeurant M. Gires estime que les installations industrielles pour lesquelles cette technologie est appropriée sont celles qui en dégagent à partir d'un million de tonnes : « C'est une des solutions, car il y a d'autres techniques ».

« Ce projet va susciter énormément d'intérêt », prédit le patron de la branche développement durable, créée en 2002 et qu'il a lui-même intégrée en 2003. « L'Europe se préoccupe beaucoup du devenir de ce type de technologies. Ce qu'on souhaite c'est que Lacq, grâce à ce projet, ait un côté''vitrine''[?] Pour le monitoring (suivi et contrôle), on va être amené à travailler avec le BRGM (bureau de la recherche géologique et minière) et l'IFP (Institut français du pétrole), mais aussi toute une série d'instituts universitaires.

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