26 novembre 2005

Fribourg championne d'Europe des "écovilles"

Dans une Union européenne où plus de 80 % de la population est citadine, adopter des modes de vie plus écologiques devient capital pour minimiser les conséquences négatives sur l'environnement. Ainsi le concept d'"écoville" prend-il de l'ampleur. A quoi reconnaît-on une écoville ? Elle comporte un réseau de transports publics étendu et très fréquenté, et multiplie les initiatives en faveur du recyclage et de l'utilisation de sources d'énergie renouvelables.

Pendant plusieurs décennies, Fribourg a été le fief des Verts allemands. Ils y ont obtenu presque 25 % des voix lors des élections municipales de 2002, et Dieter Salomon en est devenu le maire vert. Dès le début des années 1970, la ville s'est attachée à mettre en place des mesures, souvent très novatrices, afin d'encourager le respect de l'environnement. Entre 1970 et 1973, des pistes cyclables ont été créées, le réseau du tramway a été amélioré et tout le centre-ville a été transformé en zone piétonne. A la suite de ces mesures, une carte de transport, la Carte régionale pour l'environnement, a été lancée en 1991. Moyennant le paiement d'un forfait, elle offre un accès illimité aux transports publics de la ville et des environs. Enfin, un système de "parking et bus" ou "vélo et bus" a été mis en place.

Car à Fribourg, le vélo est au cœur du système de transports. Au cours des trente dernières années, le réseau de pistes cyclables de la ville est passé de 29 km à plus de 500 km. Les habitants de Fribourg eux-mêmes se plaisent à souligner que, pour deux habitants, on dénombre trois bicyclettes : un chiffre impressionnant, voire déconcertant ! Mais pour que le réseau fonctionne bien, des connexions efficaces entre les différents modes de transport sont essentielles. Près de la gare ferroviaire centrale, les cyclistes trouvent un certain nombre de services adaptés à leurs besoins, comme un parking à vélos de 1 000 places. Parmi les prochaines mesures, un investissement de 400 millions d'euros est envisagé pour la création du Breisgau-S-Bahn, un train de banlieue rapide qui reliera Fribourg aux villes et villages des environs.

Surnommée la "ville solaire" de l'Allemagne, Fribourg a également investi énormément dans le domaine des énergies renouvelables. La ville compte d'importants centres de recherche sur l'énergie solaire. Près de 5 % de l'électricité de Fribourg provient de sources renouvelables. La ville est d'ailleurs en bonne voie pour atteindre l'objectif de 10 % en 2010, grâce à des subventions accordées pour l'installation de panneaux solaires sur les toits des maisons, des écoles et des entreprises.

Côté économies, le tri des déchets et les moyens de recyclage sont développés à grande échelle. Les quartiers récemment construits dans les banlieues de Fribourg ont été conçus dans un souci constant de protection de l'environnement. Dans les quartiers de Vauban et de Rieselfeld, 6 500 logements à économie d'énergie utilisent l'énergie solaire et sont reliés aux différents moyens de transports en commun de la ville.

Mais ces mesures n'offrent pas que des bénéfices environnementaux, elles améliorent aussi la qualité de vie. Selon le témoignage d'un habitant, "vivre dans une écoville telle que Fribourg vous pousse à aller de l'avant et à envisager l'avenir de façon positive". Les facteurs de cette réussite : des transports publics efficaces, un environnement plus propre et un sentiment d'effort communautaire né des ambitions et des actions menées par la ville. Comme le souligne un étudiant de l'université de Fribourg, "le sentiment d'appartenance à notre ville est plus fort lorsqu'on s'efforce d'améliorer notre environnement".

Fribourg n'est toutefois pas un cas unique. Même si peu de villes font des efforts comparables en matière de protection de l'environnement, quelques-unes rejoignent les rangs des villes écologiques, au vu des progrès réalisés dans certains domaines. La ville d'Erlangen, en Bavière, a ainsi mis en place peu après Fribourg une politique favorable au vélo, qui a permis d'augmenter de 75 % l'usage de ce mode de transport. Par ailleurs, la municipalité peut se féliciter d'une faible consommation d'eau et d'une amélioration dans le domaine de l'énergie solaire. Les trois lauréats du prix 2003 des Villes durables européennes (Ferrare, Heidelberg et Oslo) ont également fait d'importants progrès. Si le système de recyclage de Ferrare est impressionnant, Heidelberg se distingue par la mise en place de mesures d'économie d'énergie (à l'initiative des pouvoirs publics et de l'université, dont les émissions de dioxyde de carbone ont diminué respectivement de 35 % et 13 %). Quant à Oslo, son système de transports publics est une réussite, tout comme son programme de réduction de la production de déchets. Il faut également mentionner Stockholm, autre métropole scandinave réputée verte, mondialement reconnue comme la capitale la plus sensible au respect de l'environnement.

Ces villes nous apportent la preuve qu'il est possible de faire des progrès notoires dans la protection de l'environnement, à condition que les mesures mises en place séduisent les usagers.

Si les pouvoirs publics parviennent à faire naître une volonté d'effort communautaire, ils peuvent vaincre les réticences initiales. Dans tous les cas, un effort financier de leur part est indispensable. Toutes les écovilles citées se situent dans les régions les plus riches d'Europe, et les mesures présentées sont souvent coûteuses. C'est aux gouvernements d'assurer les investissements permettant de transformer plus de zones urbaines en villes écologiques à l'image de Fribourg.

Texte écrit par Jeremy Cliffe, Café Babel

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