La filière bois-énergie progresse en France

Grâce à des appareils innovants, l’image du bois-énergie évolue. La biomasse combustible peut désormais prétendre concurrencer les énergies fossiles par ses qualités énergétiques et caloriques. Le parc des chaudières à bois s’élargit chaque année, dans le domaine du chauffage collectif, industriel et individuel. Mais avec seulement 4% de l’énergie primaire consommée en France, le bois-énergie conserve une importante marge de progression.

Le bilan tiré par l’Ademe pour son plan bois-énergie 2000-2004 montre que les ressources en bois sont de plus en plus utilisées pour le chauffage de l’industrie, collectif et des ménages. C’est d’ailleurs grâce à son marché domestique que la France détient la place de premier pays consommateur de bois-énergie en Europe. Les ventes d’appareils de chauffage au bois destinés aux particuliers affichent un taux de croissance annuel moyen de 5%. Plus de 310 000 unités ont été vendues en 2004, 405 650 en comptant les cheminées. Les facteurs incitatifs sont nombreux et variés : la hausse du prix des énergies fossiles, la tempête de 1999 qui a fournit au marché une quantité importante de bois, l’effort des industriels pour améliorer l’esthétique et la performance des appareils, un effet « tendance » du chauffage bois lié à l’idée d'une meilleure qualité de vie.

Depuis 35 ans, la consommation moyenne de bois de chauffage domestique atteint 7,2 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) par an, soit 40 millions de stères -un stère est équivalent à un mètre cube de bois. Les ventes de particulier à particulier concernent 60% du marché et font l’objet de nombreux différends sur les quantités livrées et la qualité de la ressource. La certification NF du bois de chauffage, créée par une quinzaine de professionnels du secteur, certifie une quantité livrée d’une essence de bois sec et prêt à stocker, en s’appuyant sur un cahier des charges défini avec le Centre Technique du Bois et de l'Ameublement (CTBA) et l’Ademe.

Les nouvelles chaudières offrent de meilleurs rendements

Si la consommation du bois de chauffage tend à diminuer ces dernières années, elle est à mettre en relation avec les variations climatiques et l’amélioration des nouvelles chaudières à bois qui, à chargement égal, offrent de meilleurs rendements. Le label « Flamme Verte » garantit ainsi l’efficacité de 25 marques de poêles et de foyers fermés et 14 marques de chaudières à bûches, granulés ou en bois déchiqueté. Sur 286 000 équipements commercialisés en 2001, 64% portait ce label.
Le crédit d’impôt de 50% sur le prix d’un appareil de chauffage au bois (depuis le 1er janvier 2006, contre 40% auparavant), la TVA réduite à 5,5% pour son installation et son entretien, et les subventions de l’Agence nationale d’amélioration de l’habitat (Anah), octroyées en fonction des ressources, facilitent l’acte d’achat. Des aides supplémentaires allouées dans certaines régions renforcent encore ce dispositif de soutien à la filière. Les Alsaciens peuvent ainsi bénéficier d’une prime de reconversion allant jusqu’à 1500 euros, selon les revenus, pour le remplacement d’une chaudière à fioul ou à gaz par une chaudière à bois à alimentation automatique.

Une croissance annuelle de 5% dans l’industrie du bois

L’industrie bénéficie aussi d’aides aux investissements. Dans ce secteur, plus d’1,5 Mtep issues du bois ont été consommées en 2004. L’accroissement du parc de chaufferies et de l’énergie produite progresse de 5% par an dans l’industrie de première et de deuxième transformation du bois. Samson Bretagne Environnement (SBE), fabricant d’emballages en bois, est devenu la première plateforme de bois-énergie de l’Ouest avec une production annuelle de 12 000 tonnes de bois déchiqueté. «Au départ, c’était un moyen d’évacuer nos sous-produits. Aujourd’hui, cela représente une part croissante de notre chiffre d’affaires, 2 % en 2004», souligne Maurice Samson, directeur général. Grâce au dynamisme des secteurs collectif et tertiaire, l’objectif du programme Bois-Energie de 1090 chaufferies (dont 253 collectives) en France a été atteint, mais l'objectif en terme d’énergie substituée, notamment au pétrole, en cinq ans, n'a pas été atteint : il reste 80 000 tep à économiser d’ici fin 2006.
Les collectivités multiplient les initiatives et imaginent, parfois, de nouvelles solutions. En s’appuyant sur son important massif forestier, le conseil général de Dordogne encourage le développement d’une filière complète de bois-énergie (collecte, transport, conditionnement) et l’installation de chaufferies centrales à bois dans les maisons de retraite, les hôpitaux et le patrimoine bâti des collectivités locales.

Ce type de réseau d’approvisionnement figure parmi les priorités fixées par l’Ademe dans son programme bois-énergie 2000-2006 pour le chauffage urbain, collectif et tertiaire. L’agence souhaite aussi développer les recherches technologiques, les actions d’animation et d’information, et la réalisation de projets exemplaires. Dans le domaine industriel, trois objectifs ont été retenus : inciter les entreprises du bois à analyser leurs besoins énergétiques et à installer des chaudières à bois pour leur séchoir, et préparer le secteur aux innovations futures. Pour les particuliers, l’Ademe veut encourager une utilisation « plus moderne d’une énergie alternative économique et conviviale », au moyen d’études de marché, de certification des équipements performants, de circuits commerciaux adaptés et de programmes pavillonnaires exemplaires équipés de chauffage au bois. Ses objectifs : améliorer de 10% le rendement et la qualité environnementale des appareils, économiser 300 000 tep/an de combustibles fossiles, réduire de 750 000 t les émissions de CO2, et créer 1200 emplois directs. L'enjeu est donc majeur pour la filière du bois-énergie.

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